(Billet 795) – ‘’Donnez-lui des bananes, le Marocain est un animal’’… Merci l’Algérie !

(Billet 795) – ‘’Donnez-lui des bananes, le Marocain est un animal’’… Merci l’Algérie !

A en croire les milliers d’Algériens qui hurlaient au stade de Nelson Mandela, à Alger, « 3tiwlou l’banane, 3tiwlou l’banane, l’Marrouki hayawane », nous autres Marocains serions des animaux auxquels il serait charitable de donner des bananes. Merci, cela fait quelque effet d’entendre cela.

Des insultes collectives, en compétition oficielle, panafricaine... Le stade qui a abrité l’ouverture de la 7ème édition du CHAN a aussi accueilli des milliers de personnes, des Algériens, qui ont insulté tout un peuple, en présence d’officiels du foot africain et même du premier ministre algérien, représentant du président Abdelmajid Tebboune. Cela s’est produit au vu et au su de tout le monde, puisque cette compétition est transmise dans bien des pays du monde. Il s’agit d’une compétition officielle, organisée sous l’égide de la Confédération africaine de football, elle-même placée sous l’autorité de la FIFA.

1/ Ni la CAF ni la FIFA n’ont réagi, du moins officiellement et immédiatement, à cette éruption raciste et belliqueuse. Leur silence est indigne et coupable. On peut s’attendre à une suite, mais plus elle tardera, plus l’ignominie sera avérée et impardonnable.

2/ Les officiels algériens se sont tus, signant là une forfaiture qui va au-delà de tout ce que l’on peut imaginer. L’agence officielle ne pipe mot ; on a l’habitude de son hostilité au Maroc, mais même l’hostilité et l’animosité ont des limites.

3/ Les médias algériens se sont accommodés, à leur tour, de cette incroyable dérapage. Ils parlent copieusement du discours d’un Sud-Africain, dont le titre de gloire est d’être le petit-fils de Nelson Mandela, sur « le Sahara, dernière colonie d’Afrique qu’il faut libérer », appelant à la guerre lors de l’ouverture d’une compétition sportive, supposée être porteuse de paix et de valeurs de fraternité. Les médias algériens semblent considérer comme un fait naturel, normal, admissible les insultes à l’égard de leur voisin.

4/ Plus grave, bien plus grave et troublant, perturbant, est le silence de la société algérienne. Dans tout pays civilisé, la société civile, les corps constitués, les simples citoyens se seraient soulevés, indignés contre une telle abjection. Comment peut-on traiter tout un peuple d’animal sans que personne, ou alors seulement très peu de gens ne soient indignés par le comportement de leur gouvernement, de leur Etat qui laissent faire de pareilles choses ? Les Algériens ont Facebook, LinkedIn, Instagram et d’autres réseaux sociaux, mais ils ne disent rien, ou presque rien. C’est indigne, c’est effarant, c’est effrayant. C’est édifiant.

Où est la société algérienne ? Si la même chose s’était produite au Maroc, les réseaux sociaux se seraient enflammés, les partis politiques auraient publié des communiqués de condamnation, les corps...

constitués leur auraient emboîté le pas, et l’ensemble de la société se serait soulevée contre cela. Un vent, une bourrasque, une tempête d’indignation auraient balayé le pays et des comptes auraient été demandés aux responsables qui auraient laissé faire (jamais les organisateurs et la police n’aurait d’ailleurs accepté un tel comportement, que l’on n’imagine même pas sous nos cieux).

Alors de deux choses l’une. Ou ces milliers de personnes, dans l’enceinte du stade et aussi dans la rue, ont scandé cette insulte indigne à l’égard d’un peuple de leur propre chef, et dans ce cas, l’affaire serait d’une gravité extrême dont on n’ose même pas imaginer les conséquences. Ou alors, seconde possibilité, la plus plausible, ces gens sont mandatés par le régime algérien qui aura, quand même, trouvé des milliers de gens pour insulter l’ensemble d’un peuple. Et les conséquences seraient tout aussi sérieuses.

Comment peut-on insulter et laisser insulter un peuple marocain qui, en 2019, lors du splendide parcours de la sélection nationale algérienne en Coupe d’Afrique des Nations, sortait régulièrementdans la rue pour célébrer les victoires successives et le sacre final de l’équipe de son voisin ? Comment les Algériens qui se sont tus vendredi alors que les Marocains étaient ainsi injuriés, peuvent-ils oublier cela ? Comment et pourquoi le pouvoir politique et le public algériens peuvent-ils avoir effacé de leur mémoire les félicitations officielles du chef de l’Etat marocain lors d’un discours à la nation ? Comment, pourquoi et par quels indignes ressorts les forces vives de la nation algérienne peuvent-elles accepter cela ?

Mohammed VI a, en 2019, félicité l’Algérie pour sa victoire à la CAN et depuis il ne cesse de tendre la main à ce pays, ses dirigeants, son peuple. Abdelmajid Tebboune et ses amis militaires ont interdit de citer le nom du Maroc lors du Mondial de Qatar (ce qui était un véritable tour de force dans lequel l’audace le disputait au ridicule) et, la seule fois où M. Tebboune s’est autorisé à parler du Maroc, c’est récemment pour expliquer sa décision de rompre les relations diplomatiques par la volonté d’éviter la guerre avec le Maroc ! Et personne en Algérie ne s’exprime ?! La peur justifie bien des choses, mais ne peut tout expliquer.

Il semblerait que même avec la meilleure volonté du monde, il n’y ait plus rien à attendre de ce régime, et même de ce peuple ! Khawa, khawa, dites-vous ? Khawar !

M. Motseppe, votre silence ne vous honore pas… M. Infantino, votre mutisme ne vous grandit pas… M. Tebboune, nous n’attendions rien de bon de vous, mais aujourd’hui, de votre part, nous craignons le pire.

Aziz Boucetta