L’esclavagisme médiatique, marque de fabrique du pouvoir algérien, par Hassane Saoud

L’esclavagisme médiatique, marque de fabrique du pouvoir algérien, par Hassane Saoud

La presse algérienne, voix de ses maitres galonnés vient de commettre des bavures médiatiques dont elle a seule le secret ; en effet, un le quotidien ‘’Echchourouk’’ qui porte si mal son nom vient de signaler dans une chronique l’état dégradé des relations diplomatiques entre le Maroc et la Russie, qui seraient au bord de la rupture, pour des raisons de soutien indéfectible de Moscou à l’Algérie dans son conflit avec notre pays. Le journal en conclue qu’en l’espèce, le choix russe est clair et définitif. 

Cette chronique vient de faire l’objet d’un recadrage et mise au point de la part de son propre allié russe, considéré comme fidèle parmi les fidèles soutiens de ce pays.  Dans ce communiqué du 28 octobre publié dans le site officiel des Affaires étrangères de Russie,  il est mentionné que ce quotidien  ‘’peut prétendre à deux prix à la fois, celui du modèle classique de la désinformation et celui de fausse analyse’’ dont l’auteur ‘’ doit vivre dans un univers parallèle’’. Traduisez, cette propagande repose sur un logiciel médiatique d’un autre temps ou la guerre froide battait son plein en termes géopolitiques, et mériterait une réactualisation. Le communiqué ajoute que ‘’ que certains pays et des acteurs extérieurs sont déçus des relations croissantes de Moscou avec l’Algérie le Mali, le Maroc ; Ils utilisent tous les moyens y compris la désinformation pour creuser un fossé dans les relations bilatérales afin de les endommager’’.

Ces messages pour le moins cinglants sont adressés en vérité via le journal Echchorouk aux commanditaires de telles allégations, au premier rang desquels les services secrets et le régime politique  en perte de boussole géopolitique et médiatique  pour se rabattre sur l’infox et la calomnie infructueuse.

Le deuxième impair est à mettre cette fois à l’actif du ministère algérien de la Communication qui a réagi à un documentaire de l’Agence France presse (APS) qui dévoile le nombre considérable de migrants illégaux qui ont gagné l’Espagne en provenance d’Algérie ; le chiffre faramineux de 10.000 migrants recensés  dont la palme d’or revient à l’Algérie a mis en branle la communication officielle qui a publié une réponse violente, arguant d’acharnement et de guerre


par procuration (au profit de qui ?) , ‘’de campagne hideuse dénuée de toute déontologie de la profession’’. Curieuses remontrances distillées par un pouvoir museleur de presse et d’opinion à l’endroit d’une agence de presse somme toute libre.

La désinformation et la dénaturation de l’Histoire devient ainsi le sport national des dirigeants algériens dont le supposé  premier d’entre eux, le président, historien de pacotille qui a affirmé que son pays (pas encore né) était le deuxième pays à reconnaitre  l’indépendance des USA, squattant ainsi  la place de l’Allemagne et accordant par charité algérienne la primauté au Maroc, mais bien évidmment sans le nommer. Un autre délire historique sur une livraison d’armes par le président Georges Washington à l’Emir Abdelkader après la mort du premier et avant la naissance de l’autre est une calomnie post-mortem  qui n’a pas manqué de susciter l’ire des internautes (merci le fact-checking). En outre, l’appropriation du patrimoine immatériel séculaire du Maroc dont le couscous et le kaftan n’a échappé à persone.

Le moins qu’on puisse dire est que ce monde médiatique au garde-à-vous a perdu sa boussole politique ,diplomatique et communicationnelle ; calomnier un allié, puissance mondiale et membre permanent du Conseil de Sécurité relève de l’ineptie et de la méconnaissance géopolitique, science inexacte par essence qui se résume aux intérêts changeants ( l’adjectif étant plus important que le mot lui-même). Prétendre et croire que la vente de quincaillerie militaire, quelle qu’en soit la facture, est un gage de soutien indéfectible est une erreur stratégique majeure.  User de fake news dans un monde de fact-checking relève de la cécité médiatique, met à mal la crédibilité, la réputation des médias et entraine la  désaffection de ce ‘’quatrième pouvoir’’ dont Albert Camus disait ‘’ qu’une société qui supporte d’être  distraite par une presse déshonorée court à l’esclavage’’… et, enfin, ameuter le monde sur un prétendu triple assassinat, sans autre preuves que celles qui incriminent les Algériens de désinformation, relève plus du trouble psychologique que de la géopolitique exacerbée des militaires algériens…

La société algérienne mérite mieux.

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Après une longue carrière au sein de la Gendarmerie royale, qu'il a quitté avec le grade de colonel, Hassane Saoud est aujourd'hui chercheur à l'Institut royal des études stratégiques, Rabat.