(Billet 444) – Un homme qui épouse une fillette n’est-il pas un pédophile potentiel ?

(Billet 444) – Un homme qui épouse une fillette n’est-il pas un pédophile potentiel ?

Le Maroc est ce pays qui réussit si bien à faire le grand écart, entre ses satellites de surveillance, son TGV et son réseau autoroutier d’une part, ses bidonvilles, son taux d’analphabétisme et le ses mineures qu’on marie à tour de bras d’autre part. Si, pour l’éducation et la qualité de l’habitat, on avance doucement, pour les mariages des petites filles, on avance aussi, mais vite et à reculons !

Naguère, en 2004, quand le Maroc s’extirpait péniblement du 20ème siècle et essayait d’échapper aux affres du sous-développement, le roi Mohammed VI avait demandé à une commission de sages de plancher sur un nouveau Code de la famille, qui donnerait plus de pouvoirs aux femmes et protégerait davantage les mineures. Cela avait été fait, la nouvelle Moudawana avait été promulguée, mais à quel prix ! Deux marches avaient été organisées, par les progressistes d’une part avec quelques dizaines de milliers de marcheurs, et une autre, plus conservatrice, avait drainé des centaines de milliers de personnes. Il fallait s’en inquiéter…

Quelques temps avant de s’en aller vers un monde meilleur, le président de cette instance Mhamed Boucetta expliquait qu’on ne pouvait changer un pays et des mentalités séculaires par la loi, et qu’une période de transition était donc plus que souhaitable pour que cette loi devienne foi. Le problème est que cette transition d’une situation à une autre s’est avérée être plutôt une confirmation de la situation d’avant. Ainsi, de 2009 à 2018, 319.177 mineures ont été autorisées à se marier et, pour prendre la mesure du drame, en 2007, plus de 38.000 demandes d’union de mineurs ont été permises, soit 2.000 de moins qu’en 2018 (avec une augmentation de 20% de ces cas à Casablanca). Au lieu de se tarir, la recherche de chair fraîche s’aggrave…

Le chiffre est énorme, mais il serait sans doute effarant, voire effrayant, si on connaissait le nombre de fillettes incluses dans le lot. Cela donnerait une indication sur le nombre de petites victimes, et cela donnerait également une indication sur des hommes dont les penchants pédophiles ne seraient pas à exclure ! En effet, comment un homme normalement constitué peut-il voir une femme dans une gamine de 13 ou 14 ans,...

ou même 15 ou 16 ans ? Comment un juge peut-il raisonnablement permettre un tel mariage ? Si c’est pour raisons sociales (une manière de dire économiques…), alors que fait l’Etat de son argent, de notre argent, et pourquoi ne prend-il pas en charge ces familles qui ont le sinistre besoin de « placer » une fillette entre les jambes d’un « homme », en échange du soutien financier de ce dernier à ladite famille ?

On ne parle pas de quelques dizaines de fillettes envoyées finir leur existence même pas entamée dans une alcôve… Nous sommes sur des chiffres de 30.000 demandes environ par an, soit une centaine par jour, chaque jour, durant les 300 jours ouvrables d’une année ! Et, plus grave, plus triste même, 10% de ces mariages sont contractés à la manière traditionnelle, en l’occurrence la lecture de la Fatiha… En plus de violer l’intimité physique des fillettes, on les dépouille de leurs droits !

Que faire ? Attendre une réaction de l’Etat, c’est comme attendre Godot… Espérer une action des partis politiques ? Mieux vaut passer son chemin, ils sont bien plus intéressés par les élections générales que par les érections intimes… Peut-être le corps médical, psychiatres et pédiatres, et sans doute la société civile, sans laquelle le Maroc en serait encore au Moyen-Age !

Aujourd’hui, 16 ans après la promulgation de la Moudawana, il est important que l’Etat supprime l’article 20 de la Moudawana. Résolument, et définitivement. Que dit cet article ? « Le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l'âge de la capacité matrimoniale (…), par décision motivée précisant l'intérêt et les motifs justifiant ce mariage. Il aura entendu, au préalable, les parents du mineur ou son représentant légal. De même, il aura fait procéder à une expertise médicale ou à une enquête sociale. La décision du juge autorisant   le mariage d'un mineur n'est susceptible d'aucun recours ».

Un homme qui voudrait aider une famille dans le besoin n’épouse pas la fille à peine nubile, ou même pas, il se fait mécène et attend la récompense divine. Autrement, il pourrait, devrait, être considéré comme pédophile potentiel. Avec le soutien de l’Etat, piteusement incarné par son gouvernement et son parlement !

Aziz Boucetta