(Billet 118) – A quoi sert vraiment notre gouvernement ?

(Billet 118) – A quoi sert vraiment notre gouvernement ?

Si l’on en croit la constitution et l’histoire des hommes, un gouvernement est fait pour gouverner, décider, fixer les règles et régler les différends. Si l’on s’en tient à notre réalité, notre gouvernement, nos gouvernements, sont dépassés par le premier problème qui surgit. Il est vrai qu’il est plutôt difficile de trouver des solutions à six, puisque la majorité actuelle est composée de pas moins d’une demi-douzaine de partis dits politiques aux esprits pas toujours fulgurants.

De 2011 à 2016, avec Abdelilah Benkirane, c’était la récré ; on rigolait bien, même si ce n’est pas vraiment là le rôle d’un chef du gouvernement. Puis Saadeddine Elotmani est arrivé, calme, conciliant et empreint de componction. On ne rit plus, on ne sourit même plus, à l’exception du bon docteur et ministre en chef. On gère, ou du moins on ingère les déconvenues sous les yeux d‘une population décontenancée.

Et des déconvenues, il y en a eu au cours de ces deux dernières années ! Al Hoceima et Jerada pour les villes… les enseignants dits contractuels et les commerçants en phase conflictuelle pour les professions… et aujourd’hui, à défaut de politique pour et en faveur de la jeunesse, voilà que les étudiants en médecine sortent leurs scalpels, montrent les dents et font du rentre dedans. Pendant ce temps-là, le PJD agit comme...

s’il était à l’œuvre, et le RNI manœuvre pour 2021, entraînant dans son sillage une petite UC silencieuse, mais si heureuse d’être là. Et alors que le MP se fait oublier et que les talents de l’USFP sont définitivement oubliés, le PPS s’oublie dans sa bouderie.

Et pourtant, des choses ont bien été réalisées par ce gouvernement, comme le dialogue social un peu abouti, une accélération industrielle qui sort de sa phase de ralenti, une fiscalité plus ou moins mieux assise… mais on ne sait toujours pas en quelle langue instruire nos enfants et on ne sait toujours pas quand on le saura, ni avec qui cela se fera. Et le temps passe à mesure que les espoirs trépassent.

De plus en plus de voix s’élèvent pour une gestion technocratique, sachant que le Maroc a produit, il faut le reconnaître, une caste de technocrates bien plus efficace et productive que la classe politique. Dans un monde désormais divisé entre systèmes autoritaires casqués et pouvoirs personnalisés qui avancent masqués, le Maroc est à la croisée des chemins. Les uns disent qu’il ne faut pas renoncer aux acquis démocratiques, les autres affirment que la prospérité passe avant la démocratie, si tant est que nos partis véhiculent une quelconque forme de démocratie !

Le débat est ouvert, à deux ans des élections.

Aziz Boucetta