(Billet 54) - Débat national vs branle-bas social

(Billet 54) - Débat national vs branle-bas social

Le Maroc marche bien, zigzague souvent, tangue parfois… Comme les autres nations du monde… sauf qu’il est des moments où il est bien de lire les événements et utile de les anticiper. La démocratie est certes une heureuse trouvaille, et on n’a pas encore trouvé mieux… mais en ces temps de réseaux sociaux où tout le monde cause et où les relais de médiation sont en pause, la société mue et la démocratie évolue : les deux n’attendent plus les élections pour s’exprimer… Alors autant canaliser tout ça.

C’est quoi un débat national ? Une très salutaire catharsis… et aussi, souvent, un réservoir d’idées, un défouloir de passions et un déversoir de propositions. L’idée de convention nationale prospère depuis une vingtaine d’années dans nombre de pays du monde, pour définir les problèmes et convenir de leurs solutions. Un Etat ne peut pas tout décider, et surtout, depuis la révolution numérique, ne doit pas tout décider, au risque de voir et d’entendre ses décisions contestées, déchiquetées par une opinion publique qui ne veut plus attendre les élections pour s’exprimer. Et qui s’exprime par ses moyens, puisque les partis sont atones et les syndicats aphones.

Aujourd’hui, autour de...

nous, les sociétés s’agitent… En France et en Algérie aujourd’hui, en Tunisie hier, avec une violence limitée. Rien de grave ni de définitif, donc, mais le ton de la protestation est grave et offensif. Une seule solution utilisée par les pouvoirs politiques : le débat national, qui peut prendre plusieurs formes, ramassé en une seule conférence, éclaté en plusieurs ateliers sectoriels, scindé en thématiques, ramifié dans les régions…

Cette dernière année, plusieurs décisions ont été prises par le gouvernement, plusieurs orientations ont été émises par le Roi et plusieurs propositions émanent de la société. Les unes et les autres ont fait l’objet de débats nourriciers sur les réseaux : GMT+1, service militaire et langue d’apprentissage, gratuité de l’enseignement et modèle de développement, révision de la constitution et/ou du mode électoral, formation professionnelle, eau, régionalisation avancée ou aventureuse…

Les débats sont intéressants sur les réseaux, mais ils seraient enrichissants et de toute évidence plus pertinents s’ils étaient cadrés car les populations seraient mieux informées et les décideurs mieux formés.

La démocratie participative est enfant de la démocratie électorale… et la démocratie participative se renforcerait si elle devenait anticipative. Et un pays intelligent est un pays qui anticipe…

Aziz Boucetta