Zoom n° 41 : Et le dilemme des inégalités

Zoom n° 41 : Et le dilemme des inégalités

Le débat sur les inégalités est un problème politique de longue date. Partout dans le monde, l'appel à une redistribution accrue des pouvoirs et des richesses s'intensifie. Elle est motivée par une justice sociale.

Avec la crise du coronavirus, le maître mot qui sonne partout est solidarité, mais devant la situation provoquée par cette crise, certaines ambitions sont reconsidérées tant la crise n’a pas encore révélé tous ses secrets et les gouvernements du monde entier, obligés pour l’instant de vivre avec le virus, vivent désormais avec la peur d’un lendemain apocalyptique. Même les agences de notation, les institutions financières internationales ne finissent pas d’ajuster leurs prévisions.

La crise du coronavirus va-t-elle accentuer les inégalités sociales ? Car est incontestable que depuis quelque temps, les revenus sont répartis de manière plus inégale dans la plupart des pays. Les inégalités dans les pays du monde évoluent assez différemment en plus, il n'y a pas de consensus parmi les économistes sur les causes de l'inégalité ou sur les méthodes de la redistribution. Il est avéré que la mondialisation, la technologie et les institutions en particulier sont à l'origine des inégalités. Les deux premiers peuvent expliquer pourquoi les inégalités de marché ont augmenté dans les quatre coins mondes au cours des dernières décennies.

Pourtant, la répartition inégale des revenus déclenche des réflexes politiques redistributifs. Partout, les politiciens exigent (encore) plus de redistribution de haut en bas, mais au finish, le constat reste le même : Rien !

Le Maroc ne fait pas exception quant aux inégalités sociales, partageant ces préoccupations avec tous les pays à revenu intermédiaire tranche inférieure la question de santé, de l'éducation, du logement, du travail - même l'accès à l'eau, à la nourriture et à l'électricité-, occupent une place centrale dans la gouvernance sociale du pays.

Malgré une croissance du PIB saine au cours de la dernière décennie, a déclaré Oxfam, l'écart entre les plus riches et les plus pauvres du Maroc s'est creusé. En 2018, les trois personnes les plus riches du Maroc avaient une richesse combinée de 4,5 milliards de dollars, mais 1,6 million de Marocains vivaient dans la pauvreté.

Un Marocain...

sur huit était considéré comme économiquement vulnérable et risquait de tomber dans la pauvreté. Il faudrait 154 ans à un employé au salaire mensuel minimum marocain pour gagner ce qu'un milliardaire récolte en un an, a déclaré Oxfam

Dans la mouvance de la réforme de 2011, le roi a personnellement pris en charge le coût élevé de tous ces biens et a promis d'en faciliter l'accès dans le cadre d'une réforme constitutionnelle.

Lorsqu'il est devenu roi il y a 20 ans, Mohammed VI a modernisé le Maroc. Des ports à conteneurs réussis, la plus grande centrale solaire au monde, des autoroutes, des établissements industriels - tout cela s'est produit au cours des 20 dernières années. Toutefois, des efforts restent à faire pour faire du Maroc le hub africains dont rêve le peuple.

Sur la question de la redistribution, le Maroc ne fait pas exception. On se souviendra des Assises sur la fiscalité où des échanges tendus entre le Secrétaire général du ministère des Finances et les médecins sur qui paie et qui ne paie pas ses impôts. Cette question est révélatrice à elle seule de la problématique de la redistribution des richesses du pays.

Le roi du Maroc lui-même pose des questions sur la justice sociale dans le pays. Il y a cinq ans, Mohammed VI a pris la parole.sur les progrès du pays, sur les statistiques qui montrent que la richesse du Maroc a augmenté. Et puis, une question: « Où est cette richesse? Tous les Marocains en ont-ils bénéficié ou seulement certaines strates? Aucune analyse approfondie n'est requise pour répondre à cette question: même si le Maroc a fait des progrès notables - la réalité montre que tous les Marocains n'ont pas profité de cette richesse.», s’interroge le roi Mohammed VI.

Depuis longtemps, le Maroc a essayé des combinaisons et des modèles pour résoudre l’éternel problème des inégalités qui placent la population dans une situation d'extrême vulnérabilité.

Aujourd’hui, les inégalités ralentissent la lutte contre la pauvreté, sapent la croissance et exacerbent les tensions sociales, il est urgent que les politiciens et les entreprises s'attaquent de front au problème.

Mouhamet Ndiongue