La découverte révolutionnaire de l’Homo Sapiens au Maroc

La découverte révolutionnaire de l’Homo Sapiens au Maroc

Les  restes découverts au Maroc, dans la région de Marrakech, de cinq individus datant d’environ 315.000 ans pourraient repousser de 100.000 ans l’âge de notre espèce, et plaideraient pour son origine « panafricaine ». Une véritable révolution dans la connaissance de l’histoire de l’Homos Sapiens.

En effet, si l'ancêtre de Sapiens est bien né en Afrique, il a essaimé partout sur le continent avant de partir à l'assaut du reste du Globe, ainsi que le montrent les travaux d'une équipe internationale dirigée par Jean-Jacques Hublin de l'Institut Max Planck d'Anthropologie Evolutionnaire de Leipzig (Allemagne), professeur au Collège de France, et par Abdelouahed Bennacer de l'Institut national d'archéologie et du patrimoine de Rabat.

Sur le site de Jebel Irhoud, situé entre Marrakech et la côte atlantique, les paléoanthropologues ont mis à jour les restes de 22 fossiles. Par la méthode de la thermoluminescence sur des silex brûlés issus du site, ils ont pu recalculer l'âge des individus, estimé avec certitude à 300.000 ans, ce qui repousse de 100.000 ans l’apparition de Sapiens ! Ce sont 5 individus donc qui ont été trouvés, trois adultes, un adolescent et un enfant.

Ancien titulaire de la chaire de paléoanthropologie du Collège de France, le célèbre Yves Coppens commente pour Sciences et Avenir cette découverte qui bouscule l'histoire de notre espèce et va obliger à la réécriture des manuels scolaires. « C'est la première datation aussi importante d'un Homo sapiens où que ce soit dans le monde », souligne le « père » de Lucy, fossile découvert le 24 novembre 1974 à Hadar sur les bords de la rivière Awash en Ethiopie. Il ajoute...

que « cette découverte a l’avantage d’avoir une vraie bonne date ». Pour Yves Coppens, « cet homme de 300.000 ans est le nouvel étalon de notre humanité, dont la datation est démontrée, en faisant le modèle même de l’Homo Sapiens archaïque ».

Le site de Jbel Irhoud( ci-dessous) est connu depuis les années 60 pour avoir livré des fossiles humains et des outillages du "Middle Stone Age" (Paléolithique moyen), a fait savoir l’Institut national d’archéologie et du patrimoine.

« Cependant, l’interprétation de ces fossiles a longtemps été obscurcie par l’imprécision persistante qui entourait leur âge géologique », a expliqué l'institut. Les nouvelles fouilles, entreprises dans le site à partir de 2004, ont livré de nouveaux fossiles d’Homo sapiens in situ, dont le nombre est passé de 6 à 22, faisant de Jbel Irhoud le plus ancien et le plus riche gisement africain du « Middle Stone Age » qui documente la première phase évolutive de notre espèce.

Cette découverte remarquable permet également de consolider les certitudes des scientifiques sur le territoire occupé par les Homo Sapiens au début de l'espèce. « On a beaucoup oublié le Maghreb, parce que l'Afrique du sud et l'Afrique de l'est ont apporté beaucoup de découvertes. Mais ces hommes étaient déployés partout en Afrique, dans un triangle entre le Maghreb, l'Ethiopie et l'Afrique du sud », souligne le paléontologue Pascal Picq.

Enfin, et suite à un début de polémique sur la présentation de crânes à Paris, dans une déclaration à notre confrère Medias24.com, le Pr Bennacer affirme que « la présentation en France ne portait que sur des répliques, les originaux se trouvant toujours au Maroc ».