Rétro n°6 : Boutef' victime de crime, "ramadanger", la CGEM s'aime, grabuge à al Jabr, boycott, Algésario

Rétro n°6 : Boutef' victime de crime, "ramadanger", la CGEM s'aime, grabuge à al Jabr, boycott, Algésario

La fadeur n’est pas passée, elle ne passera jamais

Lundi. Principe de relations internationales : quand un peuple est massacré, ses survivants ont le droit de se venger sur un autre peuple. C’est le cas d’Israël. Mais l’Etat hébreu a des circonstances atténuantes… Un de ses soldats a été légèrement blessé à la tête par un jet de pierre ; en représailles pour ce bilan très lourd, ses camarades ont massacré 60 civils, dont 4 enfants, et fait plus de 2.500 blessés, en une seule journée. Pas grave, c’est « mesuré », et c’est l’Amérique de Trump qui le dit. Si elle le dit, on la croit : C’est « mesuré ». On peut néanmoins se demander quel aurait le bilan si la riposte israélienne n’avait pas été mesurée… Bref, silence, on massacre… en mesure !

Mardi. Le gouvernement algérien risque le tribunal pénal international pour traitements inhumains et dégradants… La victime est un vieillard, malade, diminué, cloué sur un fauteuil roulant (et médicalisé), à l’élocution difficile, à l’allocution impossible. Et cette victime exerce incidemment, et officiellement, la fonction de chef d’Etat, qu’on balade de chantier en chantier, de mosquée en lieu de culte… Deux sorties en un mois – un record ! – et les deux fois dans des mosquées… Prions, donc, pour un 5ème mandat comme le veut la nomenclatura algérienne… mais prions surtout pour ce pauvre homme qu’est le chef de l’Etat algérien…

Le rapport du parlement sur les prix des hydrocarbures est enfin discuté en commission. Le grand jour des grands mots et des non moins grandes envolées ? Non, pas du tout, une commission sereine, présidée par un Bouanou (PJD) paisible… avant qu’il n’explose à la sortie de la réunion, déroulant des chiffres ahurissants, que les autres membres de la commission, tous, ont par la suite démenti. Pas grave, le peuple a appris les méthodes de gestion d’une entreprise,  a parlé milliards, a insulté les milliardaires, avant de rentrer chez lui.

Mercredi. La CGEM est en ébullition, le capital est en effervescence, l’entreprise en émoi. Les patrons parlent démocratie, affichent toutes les vertus du monde, causent emplois, pérorent sur les richesses. Mezouar s’agite et Marrakchi s’excite. La terre continue de tourner et le monde de fonctionner, mais les patrons n’ont d’yeux que pour ce 22 mai, jour de l’élection. De Miriem Bensalah à Salah, il n’y a qu’un Marrakchi. Et tous, toutes, absolument tous et toutes parlent d’indépendance à l’égard de la politique, oubliant leur dépendance du politique. Surtout aujourd’hui… Comprenne qui voudra, apprenne qui pourra. Enfin... la CGEM s'aime, et quand on aime, on compte !

Jeudi.  Au lycée al Jabr, établissement homologué par l’enseignement français, les élèves de Terminale font du grabuge, s’introduisent en force dans l’école, s’en prennent aux vigiles, en envoient trois à l’hôpital, balancent des fumigènes et des pétards, et effraient les jeunes. La direction du lycée vire tous les « Terminale », après en avoir dûment averti les parents, et la police intervient. Les élèves, appuyés par plusieurs...

parents, rétorquent : « On a payé le 4ème trimestre ». D’échauffourées en jeans déchirés à une forme de bourgeoisie sous ecstasy, le fric semble tout permettre, même si comme le disait Rousseau, il ne donnera jamais de bons citoyens. Et encore moins des bonnes mœurs. Mais au Maroc, il donne le pouvoir, ou son illusion, c’est déjà ça.

Le Maroc se réveille, enfin… presque,  mais nul ou presque ne se sustente… Ramadan est là, l’énervement aussi, les embouteillages surtout, et la ripaille, l’agape, la bombance, le festin, les festins. Les Marocains se sont préparés à ce mois de jeun et de carême en commandant tout un fatras de choses à la crème. La télé publique locale s’est également préparée, avec néanmoins ce challenge consistant à proposer des programmes pires que ceux des années précédentes, mais elle y a réussi. Les fonctionnaires dans les administrations font défection. Les médecins et autres nutritionnistes  mettent en garde contre les abus, mais les pharmacies de garde resteront toujours aussi pleines… Rien n’y fait : les accrochages se multiplient, entre voitures avant que ce ne soit entre leurs conducteurs, les yeux fermés, les nerfs à cran, les humeurs guerrières… Bon ramadan quand même, mais gare au ramadanger, au ramamanger.

Vendredi. Pour le boycott, hypothèse de travail… extrait du discours du Roi Mohammed VI le vendredi 13 octobre 2017 : « Nous appelons tout un chacun à faire montre d’objectivité en appelant les choses par leur nom, sans complaisance ni fioriture, et en proposant des solutions innovantes et audacieuses ; quitte à s’écarter des méthodes conventionnelles appliquées jusqu’ici, ou même, à provoquer un véritable séisme politique ». « Tout un chacun », c’est le peuple, « s’écarter des méthodes conventionnelles », en boycottant par exemple… et tout cela donne un « séisme politique », voire même économique. Le Roi l’a dit, et il l’a même demandé, et le peuple l’a fait. La révolution du roi et du peuple ? Cela y ressemble. On attend toujours cependant les « solutions audacieuses et innovantes »…

Samedi. Des types en guenilles au volant de véhicules à chenilles, de gros missiles desservis par de sombres imbéciles, l’Algésario se déploie à Tifariti, évoque le droit et invoque Coué, pour croire à son histoire de république des sables. Mais, on le sait, dans le désert, les mirages sont la règle et Brahim Ghali, qui a beaucoup lu, pense comme de Gaulle que l’ONU est un « machin » et a donc tendance à sous-estimer sa machine… Face aux provocations du Polisario, Guterres a convenu, Rabat a prévenu, et si les FAR s’énervent, nulle place aux protestations malvenues.

Dimanche, il ne semble pas s’être passé grand-chose, sauf le boycott qui se poursuit, les chefs qui se terrent, le Polisario qui gesticule, Antonio Guterres qui intervient en catastrophe pour retenir un Maroc qui commence à sérieusement s’énerver… face à des généraux algériens qui râlent et à un Bouteflika qui râle aussi, mais d’une autre manière.

A la semaine prochaine.

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