L’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika inquiète fortement  les Algériens

L’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika inquiète fortement  les Algériens

Depuis son accident vasculaire cérébral (AVC) de 2013, les informations sur la santé du chef de l’Etat algérien affluent, mais sous forme d’interrogations, la présidence algérienne observant un mutisme et un black-out presque absolus. D’apparitions furtives à la télévision en déplacements médicaux à l’étranger (en France), les Algériens en sont réduits à s’informer par bribes, ou dans les médias internationaux. Un déplacement de la chancelière allemande Angela Merkel vient d’être annulé lundi 20 février, augmentant encore plus les inquiétudes.

Mme Merkel devait atterrir à l’aéroport d’Alger lundi en début de soirée, mais le palais Mouradia a annulé cette visite une heure avant le décollage de l’avion de la chancelière. Un fait inédit jusque-là, Bouteflika ayant l’habitude depuis trois ans de recevoir les dignitaires étrangers sur son fauteuil médical, avec un micro pour amplifier sa voix.

L’agence officielle algérienne APS a indiqué que Mme Merkel a eu un entretien téléphonique avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal, dont les services ont expliqué que « la chancelière, qui était rassurée sur l'évolution de l'état de santé du président de la République, son Excellence monsieur Abdelaziz Bouteflika, a réitéré son entière disponibilité à se rendre en Algérie, et ce, le plus tôt possible ». Rassurée…

La chancelière allemande devait en effet discuter du rapatriement des sans-papiers, du terrorisme, des problèmes rencontrés par les entreprises allemandes en Algérie et, au-delà, de la coopération économique entre les deux pays. Donc « l'indisponibilité temporaire » due à une « bronchite aiguë », selon un communiqué laconique de la présidence algérienne diffusé par l'agence de presse officielle APS, a bien fait des vagues ; les réseaux sociaux, la presse, la rue, chacun y va de son commentaire et, plus que jamais, s'interroge sur la santé du président Abdelaziz Bouteflika.

Le grand quotidien algérien el Watan s’interroge : « Ce report d'une visite d'un grand responsable européen était surprenant et n'était probablement...

pas prévu. Et la raison avancée invite au questionnement.  Le président Bouteflika va-t-il se rétablir rapidement pour recevoir d'autres responsables étrangers, parce que c'est lui-même qui mène la politique extérieure du pays ? La présidence va-t-elle continuer à communiquer en toute transparence sur la maladie du président qui va fêter ses 80 ans le 2 mars prochain et qui a considérablement réduit ses activités présidentielles ? ».

Pour sa part, le site TSA (tout sur l’Algérie) observe que « Il  (Bouteflika) ne reçoit certes plus tous les responsables en déplacement à Alger. Mais il n’avait jamais annulé une visite officielle de cette importance». Et le professeur de sciences politiques à l’université d’Alger Rachid Tlemçani de confirmer : « C’est la première fois dans la diplomatie algérienne qu’on annule une telle visite. La capacité du président Bouteflika à gérer le pays va se poser d’une manière sérieuse ».

Le politologue algérien Rachid Grine estime qu’on devrait être fixé sur l’état de santé du président dans une quinzaine de jours. « S’il n’apparait pas d’ici deux semaines, c’est qu’il a été transféré à l’étranger pour des soins. Si dans quinze jours, on voit les principaux acteurs comme le chef de l’armée, les patrons du FLN se succéder et prendre la parole, cela voudra dire que l’on prépare la succession », analyse l’universitaire algérien.

Et pourtant, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) dont Abdelaziz Bouteflika est le président avait même évoqué l'éventualité d'une candidature du chef de l’Etat pour un 5ème mandat en 2019 (il est au pouvoir depuis 1999). « Il est évident que le parti désigne son président [Bouteflika] comme candidat à la présidentielle de 2019, si ce dernier consent », a-t-il déclaré voici quelques semaines, s’attirant les railleries des uns et suscitant l’angoisse des autres face à cette vacance du pouvoir, que plusieurs médias rapportent et qui promet de durer…

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