La main tendue – et rigide – de l’Algérie envers le Maroc

La main tendue – et rigide – de l’Algérie envers le Maroc

Un mois après l’appel du Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal pour un rapprochement avec le Maroc, voici venu le tour de son ministre des affaires étrangères. En effet, Ramtane Lamamra a expliqué dimanche dernier lors d’une émission télévisée que les relations bilatérales doivent être réchauffées et surtout rétablies dans une normalité qu’ils n’auraient jamais dû perdre. Mais…

Voilà ce qu’a déclaré le chef de la diplomatie algérienne : « Les relations avec le Maroc sont anormales (…) même si les relations entre les deux peuples sont exemplaires. Il y a un différend au sujet du Sahara occidental. Dans cette affaire, la position de l’Algérie est en parfaite harmonie avec la légitimité internationale ».

De prime abord, il semblerait que le propos soit amical et engageant, prenant la suite  de celui de Sellal, mais peut-on vraiment faire confiance à un voisin qui, par ailleurs, se félicite de la décision de la Cour européenne de justice qui dissocie le Sahara du Maroc ? « « Cette décision vient confirmer la position de l’ONU, celle de l’Union africaine et de la position de principe de l’Algérie », s’est presque réjoui Lamamra.

Or, le Maroc, depuis des années, demande la réouverture des frontières et propose d’engager des discussions sérieuses avec Alger, revenant et englobant toutes les questions d’intérêt commun, comme l’Afrique, les échanges économiques, la criminalité et le terrorisme. Quant au Sahara, on comprendra que pour Rabat, il s’agit d’une question non négociable.

Et tant que les Algériens tiennent à se réfugier derrière les instances internationales, à assurer le gîte,...

le couvert et la couverture diplomatique aux séparatistes, il ne saurait y avoir de discussions vraiment sérieuses. C’est bien dommage pour le Maghreb dont chaque pays perd 1 à 2 points de croissance du fait du gel des instances maghrébines et des échanges intermaghrébins.

Ces appels des voisins tiennent également à leur inquiétude face à la grande offensive diplomatico-économique de Rabat vers les pays du Continent, tous les pays, amis ou adversaires, hostiles ou amicaux, francophones ou anglophones. On rappelle que lors du Sommet africain de l’action, tenu le 16 novembre à Marrakech en marge de la COP22, le même Lamamra avait déployé une activité débordante pour dissuader les chefs d’Etat africains de se rendre au palais des congrès où devait se tenir le Sommet. Quelques temps après, la diplomatie algérienne avait préparé, un peu dans la précipitation, un Forum africain des affaires, mais qui n’avait pas eu les résultats escomptés par les gouvernants.

C’est cela qui explique le vœu de rapprochement avec le Maroc, cette volonté d’être présent dans les activités déployées par le Maroc et de se tenir informé des pourparlers en prélude à l’adhésion imminente du royaume dans l’Union africaine. Mais c'est aussi pour des raisons de politique interne que les officiels algériens tentent de vendre à leur population l'idée qu'Alger veut se rapprocher de Rabat, deplus en plus de voix s'élevant désormais en Algérie contre cette rupture de facto des relations. Or, la doctrine anti-marocaine prévalant au sein de la nomenklatura algérienne a la peau dure, semble-t-il...

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