L’affichage publicitaire serait-il devenu interdit à Marrakech ?

L’affichage publicitaire serait-il devenu interdit à Marrakech ?

Il semblerait que oui, quoique… A l’approche de la COP22, un conflit a éclaté entre la société Street Com et les autorités administratives relevant du ministère de l’Intérieur. En cause, l’affichage de bâches publicitaires sur certaines façades murales de la ville ocre. L’entrepreneur souhaite placer ses bâches, et il en a obtenu autorisation de la Ville, mais les autorités de ladite ville voient les choses autrement.

StreetCom est, donc, une société spécialisé dans l’affichage mural. Ayant négocié et remporté des contrats avec des clients nationaux et étrangers pour des bâches publicitaires à Marrakech (entre autres), elle a signé des accords avec les syndics de plusieurs immeubles au quartier Guéliz de Marrakech. Puis, comme la loi le stipule, elle a sollicité l’autorisation de la Ville pour l’occupation et l’utilisation de l’espace public.

Il faut reconnaître la célérité de la réponse du Conseil de la Ville de Marrakech. 15 jours, calendrier en mains… Un premier courrier daté du 10 mars pour 7 façades a reçu une réponse favorable le 26 avril. Puis un second, envoyé le 11 avril, a fait l’objet de la réponse datée du 26 avril. Le président du Conseil de la Ville a donc délivré les autorisations, mentionnant les taxes et redevances dont doit s’acquitter la société, et comme le veut la coutume et la logique administrative, copie a été adressée aux autorités locales, relevant de la wilaya.

Et l’affichage commença… en même temps que les ennuis.

En effet, le 6 juin, un huissier de justice a constaté les travaux de placement des affiches, de même...

que l’action musclée des agents d’autorités qui, dans un premier temps, ont demandé à l’entrepreneur de retirer les affiches et qui, dans un second temps et suite au refus dudit entrepreneur d’obtempérer, fort de ses autorisations municipales, ont entrepris de retirer elles-mêmes les affiches objet de leur ire.

Leur ire, car rien d’administratif ne peut étayer leur intervention... Le représentant de Street Com a eu des entretiens à la wilaya, a adressé des courriers à la même wilaya et même au ministre de l’Intérieur (il est vrai occupé par les élections, quoique cela n’explique rien…), mais en vain. L’autorité a fait son œuvre.

Nous avons demandé des explications à la wilaya. L’un de ses responsables nous a expliqué que les autorisations doivent être « bicéphales » (c’est le terme qui a été utilisé). Fort bien, mais puisque les autorités ont été informées par les copies des autorisations de la Ville, elles auraient dû refuser ces affichages par écrit, mais rien ne semble avoir été fait dans ce sens. Et pourtant, selon la loi, la wilaya peut s'opposer à un arrêté communal, mais elle ne semble pas l'avoir fait. Le silence n'est pas une réponse, et pourrait même indiquer un accord...

Street Com se trouve donc dans l’exacte situation décrite par le roi Mohammed VI dans son discours d’ouverture de la session d’automne du parlement. L’administration pose problème, mais dans cette affaire, force est de reconnaître que ce n’est pas le corps élu qui crée la difficulté mais les services de la wilaya. Street Com devra-t-elle s’adresser au roi ?

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