Le Congrès extraordinaire du PJD reporte l’ordinaire, avec des messages subliminaux

Le Congrès extraordinaire du PJD reporte l’ordinaire, avec des messages subliminaux

Ce samedi se tenait à Rabat le Congrès extraordinaire du PJD. L’objectif et l’ordre du jour étaient de repousser le congrès ordinaire à l’après-législatives afin de pouvoir préparer les élections, pour lesquelles le parti d’Abdelilah Benkirane part favori, sauf surprise qui ne pourrait venir que du PAM. Mais cette grand-messe a été une occasion de faire passer des messages précis, et en a aussi passé d’autres, sans vraiment le vouloir.

1/ Abdelaziz Omari, ministre des Relations avec le parlement, maire de Casablanca et président du congrès, a expliqué que le PJD, à travers cet événement, assure son ancrage dans la marche démocratique du Maroc, érigée dans son parti comme une constante du pays, ce qui nous donne donc 4 constantes, après l’islam, l’intégrité territoriale et la monarchie. Pour l’orateur, si le parti tient ce congrès, c’est pour renforcer la pratique démocratique, en respectant les délais pour la tenue de ce type de congrès ; or, la date initialement prévue était juillet 2012, quatre ans exactement après le précédent congrès. Mais les cadres et dirigeants du PJD, en tenant leur congrès en 2012, six mois après l’arrivée de Benkirane au gouvernement, ne savaient-il pas que le congrès suivant tomberait juste avant les élections de 2016 ? Oui, mais à cette époque-là, il fallait confirmer le force interne du chef du gouvernement dans son parti.

2/ Saâdeddine elOtmani, président du Conseil national, s’en est sévèrement pris à Ilyas el Omari, SG du PAM, pour avoir dit, un jour, que la radio Mohammed VI était un terreau pour le fondamentalisme. « Pourquoi avoir attaqué cette radio ? C’est inadmissible car il ne s’agit pas d’une radio ordinaire mais de la radio Mohammed VI, ciment et pilier de la Nation ». Puis la même ajoute que le PJD repose sur trois fondamentaux, que...

sont le référentiel islamique, la patrie et la monarchie, une sorte de variante de la devise du pays « Dieu, la patrie, le roi ».

3/ Si le PJD tient son congrès dans une médiatisation aussi poussée, c’est parce qu’il veut faire savoir que Benkirane est son chef et qu’il ira aux élections en tant que chef. Plus encore… suite à la sortie du SG-adjoint du PJD Slimane Elomrani sur l’éventualité d’un 3ème mandat pour Benkirane, qui passerait par un changement des statuts, le PJD veut indiquer qu’en cas de victoire du parti le 7 octobre prochain, c’est l’actuel SG qui devra être désigné à la présidence du gouvernement, une manière d’adresser un message subliminal au roi Mohammed VI. L’objectif est aussi d’installer le chef du parti en personnalité politique incontournable du pays, en vue d’attirer d’éventuelles alliances pré-électorales.

4/ Le PJD passe par contre un autre message, mais sans le vouloir… En effet, assurer tout ce battage autour de la personne de Benkirane indique que les dirigeants du parti ne sont pas tellement convaincus de leur victoire si l’actuel SG quitte son porte. Cela conduit à se poser la question de savoir ce qu’est la force électorale réelle du PJD, même aux yeux de ses propres dirigeants, sans Benkirane…

Ainsi, malgré sa réelle démocratie interne et son strict respect de la loi et de ses règlements, le PJD ne déroge pas à la règle générale des partis marocains, qui se décline en deux points : d’abord qu’un  SG devient un zaïm après quelques années passées à la tête de sa formation puis, ensuite, que ce zaïm devient incontournable, presque irremplaçable, et incarne son parti ; il doit donc rester en fonction tant que le parti est au gouvernement, quitte à tordre un peu le bras au règlement.

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