De la mobilisation pour les Marocains expulsés d'Algérie, par Fatiha Daoudi

De la mobilisation pour les Marocains expulsés d'Algérie, par Fatiha Daoudi

Au Maroc, les manifestations et les mobilisations pour soutenir la cause palestinienne forcent le respect. La lutte des Palestiniens pour la récupération de leurs terres en est presque une préoccupation majeure pour les Marocains.

La cause palestinienne mobilise toutes les forces vives du pays toutes références politiques confondues. Ce consensus à considérer le drame palestinien comme un crime contre l’humanité et les moyens déployés pour revendiquer sa résolution forcent l’admiration.

A côté de cela, une autre cause peine à mobiliser les forces vives marocaines. Ce n’est pas dû à son manque d’importance mais au fait qu’elle n’auréole pas la tête de ses défenseurs.

Il s’agit de la cause des Marocains expulsés d’Algérie en 1975. Chacun sait pourtant que cette expulsion a été une réaction à la récupération par le Maroc de ses provinces sahariennes. Expulser des centaines de milliers de personnes à cause du seul fait qu’elles étaient marocaines est donc aussi un crime contre l’humanité, aggravé par le fait que ces Marocains, dans leur majorité, ignoraient tout de leur pays d’origine.

Le Maroc a géré cette expulsion avec une discrétion pour le moins timorée. Imaginez un instant ce que l’Etat algérien aurait fait comme tapage médiatique et politique pour dénoncer un acte de ce genre s’il en avait été victime lui-même ou si le Maroc avait riposté par une expulsion similaire. Nous connaissons sa férocité quand il s’agit de mener une propagande contre le Maroc !

Les Marocains expulsés d’Algérie ont longtemps été empêchés de dénoncer le traumatisme et l’atteinte à la dignité qu’ils ont...

subis. Ce tabou politique a été observé par presque toutes les forces vives marocaines dans le but improbable de ménager l’ombrageux et arrogant Etat voisin.

Pour ceux qui s’en souviennent, ils ont laissé derrière eux tous leurs biens et n’ont pu emporter que les vêtements qu’ils portaient au moment où on était venu les chercher, la nuit, en plein hiver. Ils n’avaient que leurs yeux pour pleurer même si pour la plupart, ils ont été intégrés dans la fonction publique.

Ils n’ont pu s’organiser en associations qu’à l’avènement du nouveau règne et à partir de l’année 2000. Depuis, c'est-à-dire 16 ans plus tard, les membres de ces associations peinent toujours à porter le crime contre l’humanité qu’ils ont subi devant les responsables des deux pays voisins et devant les instances internationales. Et quand ils le font, c’est en général avec de maigres moyens ou de modestes dons sporadiques.

Ces derniers jours, le Maroc a vécu deux manifestations : l’une, majeure, pour la cause palestinienne, qui a mobilisé un grand nombre de personnes et a visiblement bénéficié de moyens financiers conséquents, et l’autre, en souvenir de l’expulsion des Marocains d’Algérie, qui a semblé nettement indigente en comparaison.

Et pourtant, les deux causes relèvent du crime contre l’humanité !

Jusqu’à quand les dirigeants marocains ignoreront qu’il est de leur devoir d’aider les expulsés à récupérer leurs biens ou du moins à être dédommagés par l’Etat algérien ? Les exactions des dirigeants algériens envers les Marocains et le Maroc doivent être dénoncées publiquement et au niveau international. Le plaidoyer pour les expulsés doit être pris en charge et leur réparation  doit devenir une cause nationale!

 

 

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