La sécheresse menace, le ministère espère encore

La sécheresse menace, le ministère espère encore

Les agriculteurs tirent la sonnette d’alarme devant la très faible pluviométrie enregistrée jusque-là... le déficit en pluies a été estimé à quelque 50% par rapport à une année « normale », à la fin 2015. Le taux de remplissage des barrages reste relativement moyen. Le ministère refuse de se départir de son optimisme, les yeux levés au ciel...

Le ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch a expliqué que la saison n’est pas encore totalement compromise car on attend encore des précipitations pour le mois de février. Certes, mais pour les cultures céréalières, et sachant que 85% des terres marocaines sont « bour », c’est-à-dire non irriguées, les pluies de l’automne sont essentielles pour les labours, mais aussi pour la germination des graines.  Pour les terres irriguées, le pessimisme ne s’est pas encore installé, mais une forte inquiétude point à l’horizon ; en effet, le taux de remplissage, au 19 janvier, est de 61,6% au lieu de 72,7% le même jour en 2015... Et il pleuvait beaucoup, en janvier 2015.

Selon un agriculteur de Doukkala, « la saison est perdue... nous devons vendre nos bêtes, ovins et bovins, afin de leur éviter une mort certaine par manque de nourriture ». Un de ses voisins envisage de céder...

la moitié de la superficie de sa terre (0,5 ha) pour « faire face aux contraintes de la vie ».

L’optimisme d’Akhannouch est aussi politique que psychologique car il ne s’agit pas laisser grandir le pessimisme ambiant. A ce propos, selon une source au ministère de l’Agriculture qui a requis l’anonymat, les responsables du département envisagent de réaffecter une partie des crédits du Fond de développement rural (55 milliards de DH sur 7 ans) de l’équipement et désenclavement des zones rurales à l’assistance aux agriculteurs sinistrés, essentiellement ceux qui ont déjà semé.

Selon le ministre de l’Agriculture, le plan anti-sécheresse ne serait déclaré que dans un mois environ, si la situation pluviométrique reste inchangée, c’est-à-dire si les choses s’aggravent. La crainte des professionnels est d’avoir une année comme celle de 2007, quand la production céréalière était de 20 millions de quintaux seulement... En 2015, un record avait été atteint avec 110 millions de quintaux de céréales, contre 67 millions un an auparavant.

Rappelons qu’un programme d’urgence a déjà été mis en œuvre, s’articulant autour de trois points principaux que sont la sauvegarde du cheptel, la disponibilité de l’eau retenue et la création d’emplois dans le monde rural, à travers  la Promotion nationale.

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