Qui est Jalal Attar, le jihadiste belgo-marocain lié aux attentats de Paris et arrêté par le BCIJ ?

Qui est Jalal Attar, le jihadiste belgo-marocain lié aux attentats de Paris et arrêté par le BCIJ ?

Lundi 18 janvier, le Bureau central pour les investigations judiciaires (BCIJ, relevant de la DST) a annoncé l’arrestation d’un présumé terroriste, lié aux attentats de Paris. L’opération a eu lieu à Mohammedia, au domicile de la mère de l’individu. L’homme est suspecté d’avoir entretenu des liens étroits avec Daech et aussi l’un des cerveaux des attaques à Paris, le 13 novembre dernier. Qui est donc Jalal Attar ?

Jalal Attar, né à Castel San Giovanni en Italie, habitait Molenbeek, ce quartier défavorisé de Bruxelles, où il s’était installé en décembre 2011.  Agé de 26 ans, il a fait ses débuts d’islamiste radical dans cette commune bruxelloise à forte population immigrée qui a défrayé la chronique ces derniers mois pour le fait d’abriter plusieurs cellules jihadistes. C’est là aussi qu’il a rencontré Khalid Zerkani, un Bruxellois de 41 ans considéré comme un gourou constamment entouré d'une cour de très jeunes disciples. Il a endoctriné des jeunes de son entourage, dont Attar, a financé leur départ et a fourni toute la logistique nécessaire (faux papiers, passeurs...). Il a été condamné en juillet 2015 à une peine de 12 ans de prison.

En janvier 2013, soit avant la création de l’organisation terroriste dite « Etat islamique », celui qui avait entretemps adopté le nom de guerre d’ « Abou Ibrahim » s'est envolé pour la Syrie en compagnie de Chakib Akrouh, le dernier membre du commando des terrasses à Paris, identifié la semaine dernière comme étant le kamikaze qui s’est fait exploser dans un appartement de Saint-Denis. Il existe aussi de très fortes présomptions qu’il soit entré en contact avec le cerveau présumé des attaques sur Paris, Abdelhamid Abaoud.

Là, en Syrie, Jalal Attar avait d’abord rejoint le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, avant d’être enrôlé par l’EI. Il avait été affecté à la milice des « Muhajirin » (Immigrés) mais n’est pas resté longtemps au Moyen-Orient. Attar rentre en Belgique à fin mai 2013 et, quelques jours après, en juin, il part au Maroc.

Une...

commission rogatoire belge a été lancée contre lui et, en mars 2014, il a été entendu sur place par la justice marocaine. Lors de cette audition, il est apparu chez l’homme une « apparente remise en question », selon les PV consultés par les médias belges. Cela n’a pas empêché les autorités judiciaires de Belgique d’émettre contre lui, en  novembre 2014, un mandat d’arrêt international pour comparaître devant le tribunal qui jugeait la « cellule Zerkani ». Il ne s’était pas présenté à son jugement en juillet 2015 en Belgique mais, comme il n’avait pas d’antécédents judiciaires,  il y avait bénéficié de circonstances atténuantes, ce qui lui avait valu une condamnation plutôt clémente de 5 ans de prison.

Au Maroc, le Belgo-marocain ne se cachait pas. Le journal belge la Dernière Heure précise en effet que « ce qui est étonnant, c’est que sur les réseaux sociaux, le belgo-marocain en cavale ne cache pas son identité. Sur sa page Facebook, il apparaît posant sur une plage, le sourire aux lèvres. Une photo de profil que le Molenbeekois en fuite a même pris la peine de recouvrir d’un drapeau français, deux jours après les attentats de Paris, comme beaucoup d’autres internautes l’ont fait en hommage aux victimes. Un commentaire de sa part sur la Palestine et la Syrie laissent toutefois supposer que ce geste est plutôt moqueur ».

Selon Eric Van Der Sypt, porte-parole du parquet fédéral belge, «  Jalal Attar faisait l’objet d’un signalement international mais son arrestation s’est effectuée à l’initiative des autorités marocaines  ».

Cela étant, son rôle dans les attentats de Paris n’est pas clairement établi. Il appartient donc aujourd’hui à la police et à la justice marocaines de déterminer dans quelle mesure il y a participé et quel y a été son degré d’implication, puisqu’il était en contact étroit avec Akrouh et, sans doute aussi, avec Abdelhamid Abaoud. Le parquet fédéral n’a pas encore décidé de demander son extradition au Maroc, ce qui sera au demeurant difficile dans la mesure où Attar possède la double nationalité belge et marocaine. Le Maroc n’extrade généralement pas ses ressortissants.

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