Succès du Forum africain des médias à Marrakech

Succès du Forum africain des médias à Marrakech

Mustapha el Khalfi ne fait pas que des choses discutables. Il lui arrive même d’organiser des événements que l’on peut qualifier de succès incontestables. C’est le cas du Forum africain des médias, organisé en fin de semaine dernière à Marrakech, avec la participation de journalistes de tous les coins et recoins de l’Afrique. Deux jours de débats où « les Africains ont parlé aux Africains »…

Le forum était articulé autour de plusieurs panels, où les journalistes de Côte d’Ivoire, du Burundi, du Mali, du Sénégal, de Somalie et d’ailleurs ont échangé leurs expériences et exposé leur vision du métier. On est ainsi passé de l’entreprise de presse, analysée et examinée sous un angle économique, au principe de dépénalisation des délits de presse.

Les « grands » d’Afrique ont alors expliqué, chacun pour son pays, qu’elles étaient les réglementations et leurs évolutions, dégageant un consensus vers une logique de pénalisation des actes malveillants des journalistes, tout en respectant une certaine particularité à la profession. De nombreux journalistes sont revenus sur les propos du roi Mohammed VI : « L’Afrique doit parler à l’Afrique » et faire confiance à elle-même et, de fait, des idées ont été avancées pour parfaire la communication entre professionnels du secteur sur le continent.

Des discussions se sont également tenues sur le nouveau journalisme, les réseaux et les lanceurs d’alerte, et les représentants des médias africains ont débattu de cette nouvelle sous-catégorie professionnelle et des défis qu’elle implique, sachant que l’apparition de cette forme d’information fait contrepoids aux restrictions apportées au droit de l’accès...

à l’info.

A l’issue du Forum, une déclaration finale a été adoptée par les participants, dans laquelle revient le principe de l’accès à l’information : « Le droit des peuples africains à l’information implique la garantie du droit des journalistes africains d’accéder aux sources de l’information, et la réglementation de l’accès à l’information ».

Les congressistes, remontés contre les anciennes puissances coloniales et contre la mise au ban, de fait, de leur continent, ont également approuvé cette résolution forte : « Nous refusons catégoriquement la transformation de l’Afrique en un continent qui ne fait que recevoir des leçons des autres, et affirmons que l’Afrique fait originellement partie du monde libre, sans aucun complexe d’infériorité ou de dépendance vis-à-vis d’un passé colonial révolu que certains s’évertuent à vouloir nous présenter comme une référence ; nous appelons également à la consécration d’un monde multipolaire à travers le lancement d’initiatives visant à faire entendre la voix de l’Afrique au monde libre ».

Le Forum, qui a duré deux jours, a réuni environ 300 spécialistes des médias, journalistes, éditeurs et chercheurs. Le Maroc a mis les petits plats dans les grands, mobilisant trois hôtels et assurant un accueil et les transports entre les différents sites de la ville. Tout cela aura contribué à mettre le Maroc en pointe par rapport aux médias en Afrique, et aura coûté 5 millions de DH, une somme bien peu importante au regard des gains moraux engrangés par le Maroc qui a laissé s’exprimer l’africanité des participants. Mustapha el Khalfi peut donc réaliser des succès…

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