Décidément, cette année, le pèlerinage à La Mecque n’aura pas du tout été comme prévu. Les Marocains qui se sont déplacés pour accomplir leur rituel ont été tour à tour choqués par la chute de la grue, puis par la gigantesque et meurtrière bousculade de Mina. Voulant revenir au pays, ils se sont aperçus que les avions RAM ne sont pas au rendez-vous.

Plusieurs vols ont été retardés au départ de Jeddah, certains étant prévus aujourd’hui même lundi 28 septembre mais ne décolleront que dans la nuit, voire demain matin. Les pèlerins, soumis à rude épreuve et angoissés par les événements de cette année, certains n’ayant même pas pu encore joindre leurs familles, sont dans « un état de stress avancé », confirme le frère d’une hajja encore bloquée à Jeddah mais qui a pu communiquer avec le Maroc.

La RAM a réagi, expliquant les causes de ce retard… et publiant un communiqué d’anthologie. Voici ce qu’on y lit, entre autres… « Les premiers vols de la phase retour de l’opération du Haj ont été lancés aujourd’hui (28 septembre, NDLR). Suite au fait que le jour de l’aïd en Arabie Saoudite a coïncidé cette année avec le même jour de l’aïd au Maroc, le trafic des premiers vols a connu une certaine congestion. En fait, la programmation des vols retour se basait sur le décalage habituel d’un jour entre les fêtes des deux pays. Mais, puisque les deux pays ont fêté l’aïd le même jour (fait rare), la programmation des premiers vols devait subir des changements. Par conséquent, certains vols enregistrent des retards au départ de l’aéroport de Jeddah ».

La compagnie nationale explique qu’elle a été surprise par la coïncidence de la fête, le même jour, au Maroc et en Arabie Saoudite. On pourrait se demander pourquoi, et on est surtout effaré par...

l’ignorance de la compagnie – ainsi que le montre ce communiqué –… En effet, on connaît le jour de la l’aïd al-Adha dix jours avant, puisqu’il est fixé le 10^ème jour du mois hégirien de Dou al Hijja. Un délai, en principe, suffisant pour s’organiser. Personne, donc, au sein de la compagnie, n’avait compris que le jeudi 24 septembre serait jour de fête en Arabie Saoudite et au Maroc.

Par ailleurs, affirmer que « certains vols enregistrent des retards au départ de l’aéroport de Jeddah »  est une attitude pour le moins légère, manquant totalement de précision. « Certains », « des retards »… Un peu plus d’exactitude aurait été bienvenue de la part d’une compagnie qui se dit plus loin dans le même communiqué « (sensible) aux conditions particulières dans lesquelles s’est déroulée l’opération Haj cette année et (mue) par (un) sentiment de solidarité vis-à-vis des pèlerins ». En effet, nos pèlerins ont connu des moments difficiles, et auraient été en droit d’attendre de la RAM un peu plus d’empathie, de compréhension et, surtout, d’efficacité.

Enfin, une question demeure… Pourquoi, après le drame de Mina, la compagnie aérienne n’a programmé le début de son opération retour que le lundi, trois jours après la fin d’un pèlerinage tragique, et sachant que plusieurs personnes voulaient entrer le jour même au Maroc, explique notre source ?...

On comprend que tout cela ait perturbé les plannings initiaux des Saoudiens et des compagnies qui assurent le transport des pèlerins sur leur sol, mais on a peine à imaginer que des procédures de secours et d’urgence n’aient pas été prises en temps et en heure. Il n’empêche que la RAM présente « ses vifs remerciements aux autorités saoudiennes pour la coopération exemplaire dont elles ont fait preuve et pour lui avoir autorisé la mise en œuvre de vols supplémentaires dans les plus brefs délais ».