Par deux fois, en 24 heures, le ministère de l’Intérieur a été accusé de mensonge, rien de moins, et pas dans une discussion de café de commerce. La première fois, l’accusation a été portée par le secrétaire général du parti de l’Istiqlal, et la seconde par Maâti Mounjib, historien politique et professeur universitaire, président de Freedom Now Maroc. S’il n’y a pas réaction, argumentée, du ministère, c’est sa crédibilité qui sera fortement sujette à suspicion.

Avec Hamid Chabat et l’Istiqlal

Une information a circulé dans les médias marocains, et n’a pas été démentie par le ministère, concernant une communication du ministre Mohamed Hassad en plein conseil de gouvernement, jeudi 17 septembre, sur une tentative de chantage exercée par Hamid Chabat contre l’Etat. Le chef de l’IStiqlal aurait demandé à Hassad d’agir sur le RNI pour que ses élus à la Région Fès-Meknès votent pour lui et non pour Mohand Laenser, sous peine de grabuge à Fès et/ou de retournement d’alliance de l’Istiqlal qui renoncerait alors à l’opposition et se rapprocherait de la majorité.

Un communiqué du parti de l’Istiqlal, publié vendredi 18, s’étonne perfidement du délai pris par le ministère pour faire cette révélation, et lui demande très gentiment d’apporter des preuves de ces accusations, pour éclairer l’opinion publique, n’est-ce pas… puis dément l’ensemble du propos du ministre de l’Intérieur.

Avec Maâti Mounjib

De son côté, le Pr Maâti Mounjib affirme avoir été interdit de quitter le territoire la semaine dernière pour, précis-t-il, « atteinte à la sécurité de l’Etat », ainsi que le lui a notifié un policer de...

l’aéroport. Puis il a observé une grève de la faim de trois jours. Samedi 19 septembre, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué disant que Maâti  Mounjib est poursuivi par la justice pour « des faits ayant trait à des anomalies de gestion d’un centre d’études alors présidé par Maâti Mounjib ». Démenti cinglant de l’intéressé : « l’Intérieur ment et je le mets au défi de prouver ses accusations de mauvaise gestion de même que je le mets au défi de nier, preuve à l’appui, mon interdiction de sortie du territoire. Qu’il rende publics les enregistrements vidéos des caméras de l’aéroport ».

Les déclarations de Hassad et le communiqué du ministère de l’Intérieur, donc, sont formellement démentis par les intéressés que sont Chabat et Mounjib. Mohamed Hassad devra donc faire bien plus qu’un propos ou qu’un communiqué pour convaincre une opinion publique et des médias de plus en plus impliqués.

Mohamed Hassad devra faire plus, et mieux

Mohamed Hassad, de l’avis de ceux qui le connaissent, est un homme droit, et franc. Il a pour lui une bonne réputation de wali, de ministre et patron de la RAM ; de plus, tout le monde aujourd’hui lui reconnaît une quasi parfaite organisation et maîtrise du processus électoral. Mais il a contre lui, en revanche, les tracasseries faites à l’AMDH, pour lesquelles la justice a condamné le ministère de l’Intérieur, comme il a contre lui d’autres faits comme l’arrestation de Hicham Mansouri, journaliste d’investigation, et les interrogatoires de certains de ses confrères ayant la même spécialité.

AAB