Pas de solution en vue entre le médecin ministre de la Santé et les étudiants futurs médecins

Pas de solution en vue entre le médecin ministre de la Santé et les étudiants futurs médecins

Le bras de fer se durcit et l’incompréhension s’installe… Les étudiants en médecine refusent toujours le service sanitaire national obligatoire de deux ans et le ministre de la Santé insiste, persiste et signe. Les marches succèdent aux manifestations, mais Houssaine el Ouardi reste inflexible. Le service sera décidé en conseil de gouvernement, mais une manifestation a été organisée par les étudiants jeudi 17 septembre à Rabat.

Invité aujourd’hui jeudi dans les studios de Hit Radio, le ministre de la Santé a écarté d’un revers de main la menace d’une année blanche brandie par les étudiants : « Qu’ils fassent une année blanche, ou jaune ou même rouge, c’est leur affaire, moi je ne céderai pas, eux en pâtiront et au final ce sont les Marocains qui jugeront des uns et des autres ». Fort bien, alors pourquoi ne pas les recevoir alors ? « Pas aujourd’hui jeudi, j’ai des engagements en conseil de gouvernement et je reçois une délégation étrangère. Qu’ils aillent au ministère et on leur fixera un rendez-vous ! », explique le ministre, toujours aussi droit dans ses bottes.

Interrogé sur la récente action des étudiants, qui avaient vendu des mouchoirs en papier dans les rues la semaine dernière, il répond que « c’est là un mépris pour les personnes qui font ces métiers ». Exact. Mais il faut savoir que quand on met autant d’obstacles et d’écueils à l’accès à la profession de médecin (bac mention très bien, concours presqu’infranchissable et une dizaine d’années d’études prenantes et difficiles), il faut s’attendre à des réactions vigoureuses de jeunes qui entendent, à la fin de leur cursus, bien gagner leur vie. Et cela est légitime.

« Nous ne sommes pas contre le travail dans les zones enclavées et défavorisées, nous sommes contre l’obligation de travailler en milieu rural sans être embauchés au préalable par le ministère de la Santé. On ne peut pas travailler et retourner à la case chômage au bout de deux ans », déclare Jaouad Faraj, président de  l’Association d’alliance des lauréats et des étudiants de médecine au Maroc, qui s’interroge s’il est bien sérieux que les étudiants de 3ème et 4ème année, participant à offrir des soins touchent la somme de 110 DH/mois ?... Non, mais le ministre parle de médecins généralistes ou en spécialité.

Cela étant, le ministre de la Santé se contredit quand il affirme « être prêt à écouter les doléances des jeunes étudiants », mais « que la décision est prise et sera discutée prochainement au parlement ». Alors pourquoi écouter des...

demandes refusées à l’avance ? Pour discuter des aménagements de la future loi, pas plus.

Dans une précédente vidéo, el Ouardi avait posé deux questions.

1/ Les Marocains dans les zones reculées n’on-ils pas droit aux soins ? Doit-on les laisser mourir ? Réponse : il ne faut pas parler de zones éloignées car c’est indécent de la part d’un gouvernement. Pourquoi ces gens dans ces régions n’ont-ils pas eu droit à l’intérêt de l’Etat ? Et s’il n’y a ni centres de soins, ni équipements dans ces centres, ni labos ni médicaments ni ambulances, le fait de leur envoyer un médecin leur procurera juste le droit de mourir en présence de ce médecin. El Ouardi rétorque que le gouvernement va débloquer très prochainement un milliard de DH pour les équipements et les consommables. « S’ils veulent que nos hôpitaux deviennent comme les établissements suisses, ce n’est pas possible »…

2/ Est-ce un mal de demander à des étudiants auxquels l’Etat a assuré les études et la formation de donner deux ans de leur vie pour leur pays ? Réponse : Non, ce n’est pas un mal, mais en temps que fonctionnaires et non par obligation, et avec les moyens requis pour soigner les malades comme il se doit.

Le projet de loi prévoit pourtant, il faut le dire, que les médecins diplômés généralistes et spécialistes percevront le même salaire que leurs homologues fonctionnaires d’Etat, et bénéficieront des mêmes couvertures sociales et médicales. Mais les étudiants, qui veulent en fait être recrutés dans la fonction publique, dénoncent la solution de rapiéçage.

Cela étant, et selon une étudiante de 2ème année de médecine à Rabat qui a contacté PanoraPost, les médecins et étudiants grévistes empêchent les jeunes étudiants de 1ère et de 2ème année d’accéder à leurs cours, les abreuvant d’insultes et leur jetant des projectiles. Et une fois les étudiants dans leurs salles de cours, les perturbations commencent, de tous genres.

En conséquence, le mercredi 16 septembre, le doyen de cette faculté a informé les grévistes que si les étudiants en premières années de médecine continuent d’être empêchés d’aller à leurs cours, la faculté interviendra pour faire respecter le règlement intérieur… Et ainsi, les choses se compliqueront davantage.

Dans l'intervalle, jeudi 17, une manifestation impressionnante a vu des milliers de jeunes étudiants sortir dans les rues face au ministère de la Santé, et menacer de lancer une grève nationale qui concernerait les médecins internistes dans les hôpitaux du pays, ce qui ne menquera pas de bloquer les services dans ces établisements.

Commentaires