Etude: Perception de la migration à Oujda, Fnideq et Al Hoceima

Etude: Perception de la migration à Oujda, Fnideq et Al Hoceima

La Fédération des Collectivités Locales du Nord du Maroc et de l’Andalousie (ANMAR) et le Fonds Andalous des Municipalités pour la Solidarité International (FAMSI) publient les résultats de l’étude « Perception de la migration dans les villes d’Oujda, Fnideq et Al Hoceima », réalisée auprès de 2737 jeunes de trois villes âgées de 18 à 26 ans en ligne (voir la méthodologie en annexe).

Cette étude, faisant partie de la campagne « Migrations sans clichés », vise trois objectifs :

     - Donner une idée juste et réaliste de la perception de la migration et des migrants ;

     - Lutter contre les préjugés et stéréotypes à l’égard des migrants, proposer des solutions pour la construction d’une narrative positive sur la migration ;

     - Renforcer les capacités des trois communes dans la prise en charge de la question migratoire.

Cette enquête sociologique s’est intéressée à la perception de la migration étrangère en matière sociale et culturelle. Elle aborde les questions relatives aux relations et rapports qui se nouent au quotidien entre les populations locales et les migrants.

Les principales données statistiques de perception de cette étude sont les suivantes :

-           Niveau d’instruction des migrants.es : L’écrasante majorité des jeunes interrogés pensent que les migrants.es n’ont pas un niveau d’instruction suffisant avec respectivement 96,5% à Al Hoceima, plus de 83,8% à Oujda et près de 71, 6% à Fnideq.

-           Sociabilité des migrants.es : L’immense majorité des jeunes interrogés considèrent que les migrants.es ne sont pas sociables. Ils sont plus de 98,4% à le penser à Al Hoceima, suivi d’Oujda avec 88,8% et enfin Fnideq avec 73,1%.

-           Raison de l’insociabilité des migrants : Les réponses avancées par l’ensemble des personnes interrogées font état en premier de la barrière de la langue (91,9%), suivi de la religion (13,2%) et de la pauvreté (8,9%).

-           Se marier avec un-e migrant-e : L’écrasante majorité des jeunes interrogés n’envisage pas de se marier avec une personne migrante. Ce taux est de 94,9 % à Al Hoceima, 66,8% à Oujda et 29, 4% à Fnideq. Les raisons avancées sont « les difficultés relatives aux mariages mixtes notamment la différence de religion et de culture, les craintes des familles et la condition sociale et financière de la personne migrante ».

-           Relations d’amitié avec un-e migrant-e : Les relations amicales existent, plus particulièrement à Al Hoceima avec 97,1% de taux de réponses positives, tandis que les jeunes des deux autres villes affirment ne pas avoir d’amis migrants, avec respectivement 79,3% à Oujda et 58, 1% à Fnideq.

-           Avoir une personne migrante pour voisin : Les interrogés répondent en majorité par l’affirmative. Ce taux de réponses positives est de 99,5% à Al Hoceima, 97% à Oujda et près de 73,1% à Fnideq.

Principales conclusions :

 Les perceptions recueillies dans le cadre cette étude oscille entre une méconnaissance et une persistance de stéréotypes sur la population migrante. Ces perceptions ambivalentes...

peuvent s’expliquer par deux facteurs. Le premier facteur est le profil migratoire de chacune des villes. Le deuxième facteur explicatif est à trouver dans la qualité de l’information en circulation autour des migrations dans ces espaces.

Premier facteur : L’étude a analysé le profil migratoire des trois villes. Oujda connait une installation de personnes en migration depuis plusieurs années, alors qu’Al Hoceima et Fnideq comptent une population migrante en faible nombre et en forte mobilité. Oujda connait ainsi une pression migratoire depuis deux décennies, ce qui, par conséquent à créer naturellement des interactions-relations permettant ainsi une meilleure connaissance des migrants comparativement aux deux autres villes de l’étude. En revanche, sur le point de la sociabilité des migrants, les villes d’Al Hoceima et Fnideq qui ne connaissent pas une grande présence spatiale et sociale des migrants ont une idée favorable de la sociabilité des migrants alors qu’à Oujda, c’est le contraire où la pression migratoire s’accompagne malheureusement de tensions qui structurent la complexité du phénomène migratoire.

Deuxième facteur : Le manque de source d’informations fiables autour de cette thématique. Comme l’a montré cette enquête, les réseaux sociaux (Facebook et Whatapp) et les rumeurs circulant dans l’entourage constituent les principales sources d’informations de ces jeunes sur ce sujet. WhatsApp et Facebook sont les sources d’informations pour 85,6% des interrogées dans les trois villes, alors que les expériences personnelles ou les observations directes ne représentent que 5% à Oujda et 1% à Al Houceima comme source d’information. Cette prédominance du canal digital pèse sur la qualité des informations circulant sur les personnes en migration dans les trois villes. L’absence de précautions prises sur l’exactitude de l’information et sa source peuvent facilement alimenter de la désinformation sur les migrants. 

Principales recommandations :

A la suite de ces constats, l’étude a formulé plusieurs recommandations à savoir :

1)        La mise en place de campagne de communication et de sensibilisation à l’attention des jeunes portant sur des représentations justes et réalistes de la migration.

2)        La mise en place de communication à l’attention des élus et fonctionnaires sur l’interculturalité, les bienfaits et les opportunités de la migration

3)        Le renforcement de l’inclusion de la migration au niveau local

4)        Le renforcement des capacités et compétences professionnelles des acteurs associatifs pour une meilleure prise en charge et accompagnement des migrants.

Partant des résultats de cette étude, notre campagne se poursuit pour participer à la sensibilisation autour des enjeux migratoires et déconstruire les clichés et les stéréotypes sur les migrations. Cette initiative permet de lutter contre la diffusion de fausses nouvelles et les rumeurs sur les migrations, spécialement dans le contexte la pandémie du Covid-19.

Pour rappel, cette étude s’inscrit dans le cadre du projet « Gouvernance et inter culturalité : villes méditerranéennes, villes diverses », financé par le programme MC2CM d’ICPMD, ONU habitat et CGLU, implémenté par FAMSI et la Fédération ANMAR en collaboration avec les trois communes concernées par cette étude.