(Billet 503) – Mais où est donc passé le RNI ?...

(Billet 503) – Mais où est donc passé le RNI ?...

La crise sanitaire bat son plein, et la campagne de vaccination suit héroïquement ; les élections approchent et les partis fourbissent leurs armes, emplissent les réseaux et les plateaux radio et (un peu moins) télé. Ça discute, ça se dispute, les uns pour ou contre, les autres aussi. PAM, Istiqlal, PJD ferraillent et multiplient les déclarations, mais de RNI, point. Faut-il s‘en inquiéter ?

… sans doute pas, mais il est utile de se poser la question de la fugacité de ce parti, qui figure tout de même dans le carré de tête pour conquérir la pole position aux élections législatives et ainsi briguer la chefferie du gouvernement. Comment ne pas se préoccuper du silence du RNI alors que la bataille fait rage au parlement sur les lois électorales, principalement ?

Le RNI a-t-il un avis sur le quotient électoral, et sur le seuil qui va avec ? Dispose-t-il d’une politique sur les listes des femmes, des jeunes, des MRE ? De quelle manière, pourquoi, sur quelle territorialité, à quel âge et pour combien de fois ?  Comment avoir ces informations ? En allant sur le site du RNI. Et qu’y trouve-t-on ? Pas grand-chose, hormis des déclarations d’intention avec une effroyable langue de bois, de type « recherche du consensus », « les jeunes, c’est bien », « les candidatures, cela doit être fait sérieusement »… Rien de bien convaincant, quoi…

Ailleurs, dans les autres chapelles, c’est le feu sacré. Nizar Baraka ferraille, pinaille, attaque, propose, échange les idées et multiplie les débats, relayé par la presse de son parti. Il en va de même pour le PAM d’Abdellatif Ouahbi où les uns et les autres parlent, se contredisent certes, mais parlent. Le PJD a donné son avis sur le quotient électoral, menaçant de voter contre un projet gouvernemental ; c’est assez triste certes, mais ils existent, les gens du PJD, animés de zèles égaux quoiqu’agissant en sens contraires. Nabil Benabdallah est partout, radios, sites, réseaux, la garde haute et le verbe fort, seul peut-être au...

monde et au PPS, mais debout…

Mais pas de RNI à l’horizon, sauf quand il s’agit d’applaudir bruyamment des décisions royales, qui n’en ont nul besoin au demeurant. Il n’est plus, ce RNI 4.0 voulu par son président Aziz Akhannouch ; désormais il fut, voire fuit. Si vous leur demandez, les chefs RNIstes, ce qu’ils pensent de la dépénalisation du kif, du maintien ou non de l’article 490, de la reprise des relations avec Israël, ils vous répondront par des discours aussi onctueux de bonne grâce que dépourvus de bonne foi.

De congrès soporifique en conseil de national numérique, tout est chimérique, au RNI… Et pourtant, ce parti a des cadres de haute facture, des chefs de bonne envergure, des cadres partisans qui font bonne figure, mais rien. Dans ce Maroc de la crise Covid, qui attend d’en sortir puis de s’en sortir, rien ne ressort du RNI. La communication est sérieusement à repenser, peut-être pas au niveau des conseillers mais des conseillés… Les spin doctors du parti devraient administrer de véritables électrochocs à leurs donneurs d’ordre.

Comment donc ce parti, une fois les élections clairement maintenues, pourra-t-il convaincre les citoyens de se transformer en électeurs, dans un premier temps, puis en ses électeurs, dans un second ? Le RNI aurait-il donc été rattrapé par son ADN habituel de discrétion ou de fugacité qui aura marqué ses presque 50 ans d’existence, tout de même ? le parti aurait-il été finalement desservi par sa propension à colorier en bleu des bleus en politique, qui sont entrés en politique et au parti directement au niveau gouvernemental ?

Quand on réclame une présence RNI quelque part dans les médias ou les réseaux, ils lambinent, se débinent, et à force de tenir des réunions virtuelles, ils le sont eux-mêmes devenus. Allons, amis RNIStes, exprimez-vous, causez, proposez, osez … ce n’est pas si difficile que ça aujourd’hui car, à défaut, cela vous sera reproché demain, comme cela l’avait été hier !

Aziz Boucetta