(Billet 497) – Algérie, faut-il s’inquiéter face aux dérives et invectives ?

(Billet 497) – Algérie, faut-il s’inquiéter face aux dérives et invectives ?

Depuis quelques temps, le comportement fébrile et l’évolution hachurée de l’Etat et de l’état-major algériens deviennent préoccupants. Le « pouvoir », comme l’appellent nos voisins, est dans une situation pour le moins opaque et plutôt instable. Il s’agit certes d’une affaire intérieure qui concernerait donc les seuls Algériens, si le Maroc n’apparaissait de plus en plus sur les écrans.

Passant en revue une année Covid qui a suivi une autre année, Hirak celle-là, nous pourrions relever plusieurs actes inamicaux des officiels algériens à l’égard du Maroc. Des actes concernant essentiellement le Sahara et la position habituelle algérienne qui appelle au bon voisinage en réussissant la prouesse d’ameuter le monde entier sur la question sahraouie, tout en déclarant sa neutralité, la main sur le cœur. De cela, la terre et nous avons désormais l’habitude, on ne se préoccupe plus vraiment et personne ne s’en offusque plus…

Comment réagit le Maroc ? Deux discours royaux particulièrement amicaux et unificateurs, aucune réaction du gouvernement. Pas d’acte, pas de parole, pas de commentaire, l’Algérie est ignorée par Saâdeddine Elotmani et « ses » ministres, à l’exception du chef de la diplomatie, dont le ton est de plus en plus ferme, cassant même, mais toujours dans les règles de la bienséance diplomatique ; Nasser Bourita est dans son rôle car il est directement confronté aux Algériens dans l’affaire du Sahara. Quant à l’opinion publique marocaine, il suffit de voir son engouement et son enthousiasme à supporter l’équipe nationale algérienne durant la CAN 2019 pour mesurer la sympathie et l’affection qu’elle porte à son homologue algérienne…

Puis arrive la fin 2020, début 2021, et là, les choses commencent à se crisper. Le « pouvoir » fait voter aux Algériens une constitution qui autorise le déploiement de l’armée à l’extérieur des frontières dans la région, sur demande d’un Etat étranger. Or, l’Etat algérien soutient et reconnaît la RASD ; on peut deviner, et craindre, la suite… Pour le cas du général Chanegriha, chef de l’armée algérienne, il répète à intervalles réguliers sa conception du Maroc : un ennemi. Le terme est décliné différemment selon les situations, mais il revient souvent dans sa bouche.

Et...

puis, à mesure que la menace du Hirak se ravive et que la flamme de la contestation revit chez les Algériens, les militaires s’énervent contre… le Maroc. Cela a toujours été le cas, mais cela s’est accéléré singulièrement ces dernières semaines. D’abord une émission se voulant drôle, mais en réalité bête et méchante, caricature le roi Mohammed VI, usant de termes inappropriés, pour ne pas dire vulgaires, à l’encontre du chef de l’Etat d’un pays étranger, ce qui en Algérie constitue un délit. Quelques jours plus tard, comme pour soutenir et assumer cette émission, le ministre de la Communication abonde dans son sens et revient encore et toujours sur la reprise des relations du Maroc avec Israël puis, cette perle du ministère de la Défense, qui aurait été risible si elle n’était pas inquiétante… Répondant à des informations sur l’armée algérienne, le ministère a dit le plus officiellement du monde que ces dernières « ne peuvent provenir que d'ignares à la solde des services du Makhzen marocain et sionistes ».

Un président affaibli qui tente de garder la main, prend des mesurettes, et ne parvient pas à endiguer le Hirak qui reprend des couleurs… Une armée qui échoue à prendre ses marques et à reprendre la main, bousculant aujourd’hui les fragiles équilibres d’hier… Et l’opinion publique qui n’en démord pas, exigeant toujours de véritables réformes, un gouvernement réellement civil et des institutions réellement « civilisées ». Et cette question mémorielle qui n’en finit pas de ne pas finir avec la France…

Le Maroc doit-il s’inquiéter de la fébrilité du « pouvoir » algérien qui s’épuise à essayer de tenir ? Raisonnablement non, mais l’état-major est-il raisonnable ? Il suffit de parcourir les informations publiées sur le site de l’agence officielle APS pour répondre par la négative. Faut-il appréhender un aventurisme militaire de la part de généraux qui se délectent des fausses informations sur les supposées attaques du Polisario contre le royaume, à partir de leur territoire ? Peut-être, cela serait sage…

Les Marocains et les Algériens veulent construire ce que les godillots d’Alger, rejetés par leur population, s’évertuent à vouloir détruire !

Aziz Boucetta