(Billet 496) - Nous pouvons être fiers de nous... et même exigeants !

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On peut critiquer autant qu’on veut et tant qu’on peut, mais pourquoi bouder son plaisir lorsque des choses vont bien et que le Maroc montre ses capacités à jouer parmi les grands pays, du moins dans certains secteurs ou domaines ? Parmi ceux-ci, la gestion Covid d’une manière générale et la campagne de vaccination plus particulièrement.

Alors que tous les pays patinent et pataugent dans leur gestion quotidienne de l’épidémie, avec l’évolution en yoyo des contaminations, des couvre-feux, des déclarations et des contre-indications, des diverses formes de confinement et avec ces variants qui surgissent de partout et de nulle part, le Maroc ne déroge pas à la règle… mais il a pris le virus par les cornes et surpris par ses décisions sanitaires, économiques, sociales et vaccinales.

Résultat, un nombre de décès moins élevé que dans d’autres pays équivalents ou de la même région, et ensuite une campagne de vaccination entamée sous de bons auspices, sereinement et avec assurance, affichant de bonnes perspectives. A l’inverse de tant de gouvernements et de gouvernants qui ont hésité, trop réfléchi et fait de la politique, le Maroc a décidé très tôt, en août 2020, de se rapprocher des Chinois de Sinopharm pour les essais de phase III, en vue de recevoir les vaccins en priorité. Puis, Rabat – bien inspiré ! –  a sécurisé ce contrat par un autre, avec le laboratoire AstraZeneca.

En novembre, le roi Mohammed VI – car c’est lui et non le gouvernement qui a tout géré – donne ses instructions pour mettre en place la logistique d’une campagne que le palais a ensuite décidé gratuite. Et l’attente commença… Pendant ce temps-là, et contrairement à l’habitude des Marocains plutôt taiseux, une très large campagne médiatique est lancée, avec les pro vaccins et les antis, avec les complotistes et les idéalistes, les journalistes et les épidémiologistes, les charlatans et les laborantins… Un vrai débat, riche, animé, parfois brutal, mais un vrai débat, à la hauteur des enjeux.

Puis la campagne de vaccination commence, fin janvier, un mois après l’annonce officielle du lancement de la même campagne en Europe ; les images du roi recevant sa 1ère dose sont décisives....

Trois semaines après, le Maroc a réussi à se hisser dans le Top10 des pays ayant vacciné le plus grand nombre de personnes, en fonction de leur population. Et de fait, la campagne se déroule dans les meilleures conditions, de l’avis même des éternels contempteurs et inconditionnels critiques de l’administration politique de ce pays.

Le corps de l’administration territoriale est entièrement mobilisé (au détriment d’autres services, mais la cause étant nationale…) et l’ensemble des personnels médicaux mobilisés n’ont ménagé aucun effort. Près de trois millions de personnes vaccinées en trois semaines, avec un rythme croissant et une organisation améliorée de jour en jour, cela mérite d’être salué, et même applaudi.

Tout cela prouve une chose, qui est que le pays est capable de surmonter tous les écueils et de franchir tous les obstacles quand la volonté est là. Jusque-là, l’administration territoriale avait cette réputation de n’exister que pour encadrer et « contrôler » les populations, sans aucune autre valeur ajoutée que la dimension sécuritaire. Et bien non, ces agents de l’Intérieur, caïds, moqaddems, chioukhs ont montré leur capacité à l’empathie, à l’efficacité, et les populations ont montré leur adhésion et leur aptitude à se conformer tous, ou presque, massivement ou presque, à une politique publique.

Avec ce réseau de l’administration territoriale, le Maroc recense régulièrement sa population, a réussi un confinement, a recensé et indemnisé les personnes travaillant dans l’informel, a procédé à la très large campagne de vaccination, mieux, bien mieux que des pays dits développés et aujourd’hui englués dans leurs contradictions. Il manque juste quelques explications sur les retards des Chinois à livrer leurs vaccins… MM. Bourita ou Aït Taleb, peut-être…

Il sera désormais difficile d’accepter les dérives administratives dans le royaume. Il se dit de plus en plus sur les réseaux sociaux que « quand on veut, on peut »… La phrase est certes facile, mais elle est terrible. Désormais, et en cette année électorale, nous pourrons affirmer que si tant de choses persistent à aller à contresens des objectifs ou même du bon sens, c’est qu’une volonté est là, supérieure, transcendante, de bloquer les choses. Il est important de la définir, et de la réduire...

Aziz Boucetta