Les avances de BAM restent limitées, selon CDG Capital

Les avances de BAM restent limitées, selon CDG Capital

L’encours des avances de Bank Al-Maghrib (BAM) dans le cadre du Programme intégré d’appui et de financement des entreprises (PIAFE) reste limité à seulement 228 millions de dirhams (MDH) à fin novembre 2020, relève CDG Capital Insight dans une note d’analyse.

Ceci pourrait s’expliquer soit par la mauvaise conjoncture, qui tend probablement à réduire la demande des très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) et jeunes entrepreneurs pour le lancement de nouveaux projets, soit par l’utilisation par les banques de stratégies de refinancement alternatives ainsi que d’autres lignes de BAM en vue de refinancer les crédits accordés dans le cadre de cette initiative, soulignent les analystes dans cette note intitulée “Impacts macro-économiques du Pacte national pour la relance économique et l’emploi de 120 milliards de DH”.

En effet, la communication d’Attijariwafa Bank, à l’occasion de la publication des résultats semestriels, d’un montant de 700 MDH de crédits accordés au titre du programme Intelaka illustre le déphasage qui pourrait exister entre les lignes de financement mises à disposition des banques par BAM et les stratégies de refinancement par ailleurs des banques, estiment ces analystes.

Parallèlement, ils rappellent que lors de la mise en place par la Banque centrale de la ligne PIAFE à un taux concessionnel de 1,25%, le taux directeur était à 2,25%, soit une réduction de 100 points de base (Pbs), mais avec les deux révisions à la baisse de 75 Pbs depuis le début de l’année 2020, l’écart s’est rétréci à seulement 25 Pbs, ce qui présente un avantage moindre pour les banques à recourir à cette ligne.

Les analystes de CDG Capital Insight font aussi remarquer que l’évolution des crédits accordés par le secteur bancaire, en glissement annuel, selon la ventilation par objet, dévoile une forte croissance des “facilités de trésorerie et comptes débiteurs”, avec une moyenne de 11%...

enregistré sur les 10 premiers mois de l’année 2020, contre une hausse limitée de ceux destinés à l’équipement de 5% et une stabilité pour la promotion immobilière.

Ainsi, poursuivent-ils, l’impact macro-économique de cette initiative sur la relance économique et l’amélioration du potentiel de production, en l’occurrence la Formation brute du capital fixe (FBCF), à ce stade, reste limité compte tenu d’une orientation plus importante des capitaux vers la couverture des besoins en fonds de roulement et la constitution des stocks, ce qui constitue naturellement le besoin immédiat des entreprises.

Les refinancements accordés par Bank Al-Maghrib, particulièrement ceux destinés aux financements des entreprises, sont généralement multipliés par le circuit bancaire selon l’effet multiplicateur de crédit dont l’importance dépend aussi bien du rythme d’accroissement des concours à l’économie que de celui du développement de l’économie informelle et la circulation fiduciaire.

A cet égard, sur les dix premiers mois de l’année 2020, la monnaie fiduciaire recensée par l’agrégat monétaire M1 a augmenté de 55 milliards de dirhams (MMDH) contre seulement 15 MMDH enregistré sur la même période en 2019.

Les analystes de CDG Capital Insight s’attendent à ce que le déploiement d’une enveloppe de 75 MMDH de crédits garantis par l’Etat aboutirait très probablement à un refinancement des banques par Bank Al-Maghrib et ce, à travers un rebalancement des instruments de la politique monétaire pour le financement du déficit de liquidité du système bancaire qui se situe actuellement au-delà de 100 MMDH.

En effet, BAM pourrait intensifier son recours aux lignes de refinancement des crédits accordés aux entreprises, notamment les prêts garantis et PIAFE, au détriment des instruments classiques, particulièrement les avances à 7 jours et les pensions livrées, prévoient-ils.

Et de conclure que ces financements s’orienteraient naturellement dans l’immédiat vers le financement des besoins en fonds de roulement plutôt que l’investissement, et une part importante risquerait d’accentuer la croissance de la circulation fiduciaire.