L’Institut CDG s’interroge sur le sujet de l’éducation au Maroc

L’Institut CDG s’interroge sur le sujet de l’éducation au Maroc

Dans le cadre du cycle de conférences « Regards vers le futur », édition 2020, l’Institut CDG a organisé le mardi 13 octobre son quatrième webinaire sous le thème : « Pour une vision plus dynamique du rôle de l’éducation ».

 Le Maroc a fait de la réforme de son système éducatif une priorité nationale avec l’objectif d’en faire un puissant levier de son ambition de développement. Toutefois, malgré les différentes réformes menées et plusieurs avancées positives, la question pédagogique et la qualité de l’enseignement demeurent un point faible.

Le panel de cette rencontre est composé d’experts en matière d’éducation, Jamil Salmi un expert mondial de l’enseignement tertiaire conseiller politique et consultant basé à Bogota, Madame Ilham Laaziz, directrice du Programme Génie ministère de l’Education nationale, Mohamed Soual, Président de l’Association pour l’Enseignement d’excellence, Chief Economist OCP, Rachid Yazami, Professeur, inventeur, chercheur et entrepreneur Prix Charles Stark Draper 2014 de la National Academy of Engineering (NAE) de Washington DC. Rachid Yazami est basé à Singapour et enfin Noureddine Mouaddib est fondateur et actuel président de l’Université internationale de Rabat et comme modérateur,  bien sûr Aziz Boucetta, directeur de Panorapost.

Alors que les modes, les contenus et les objets d’enseignement sont appelés à évoluer considérablement dans le futur, le Maroc se retrouve face à une double exigence : préparer sa jeunesse à la vie au 21ème siècle, à l’exercice de la citoyenneté active et au développement personnel, mais aussi produire des compétences et profils qualifiés aptes à répondre aux besoins en matière d’emploi, de compétitivité et de transformation de son économie.

Les intervenants ont été unanimes sur le fait que l'acte pédagogique ne peut plus se réduire au seul discours de l’enseignant. De nombreux domaines du développement des élèves doivent être pris en considération, qui s’étendent au-delà de la technologie et des capacités académiques de base (littératie, mathématiques et sciences). La résolution de problèmes, la réflexion critique, la capacité à accueillir positivement les défis, la créativité, la prise de risque, l’économie collaborative, l'esprit d'entreprise, les compétences sociales, la prise de conscience environnementale et, enfin, apprendre à apprendre deviendront des compétences clés pour la vie d’adulte dans la société du 21ème siècle.

Enseigner ces compétences et les approfondir, pour que les élèves soient préparés à apprendre tout au long de leur vie dans la complexité du monde actuel, exige des modèles éducatifs solides qui favorisent la culture de la qualité.

L’apprentissage tout au long de la vie est motivé par le passage d’un modèle industriel de production à une économie mondiale du savoir dynamique, interconnectée et dominée par la technologie. Pour les employés, une constante montée en compétence est essentielle et...

reste employable sur l’ensemble d’une carrière.

Achid Yazami l’a si bien résumé: « le but de l’enseignement quel qu’il soit c’est de permettre aux jeunes de s’insérer dans leurs société en trouvant un travail », regrettant cependant que cela ne soit pas une vérité absolue au Maroc et que cela se répétait d’année en année et de décade en décade.

Pour Madame Ilham Laaziz le visage de la sélection crée l’exclusion: « Pourquoi continuer à avoir cette approche très française d’avoir les meilleurs en classe prépa les emmener dans des écoles d’élite en Europe pour finalement les perdre parce qu’ils finissent aux Etats-Unis ». Et de poursuivre: « Pour moi l’école de demain est une école qui est faite pour l’ensemble des élèves quel que soit leurs prédispositions ou leur capacité »

Selon Mohamed  Soual, président de l'Association pour l'enseignement d'excellence : « Il faut orienter les jeunes convenablement et non d’une manière uniforme. Nous pouvons très tôt reconnaître les compétences des élèves, et donc pouvoir les accompagner afin qu’ils puissent exploiter leurs différents talents »

Jamil Salmi « je reviens toujours en ce qui concerne la qualité, à l‘élément humain et à la qualité de la formation des enseignants. Quand on regarde des pays comme la Finlande, Singapour ou la Corée du Sud qui ont les meilleurs résultats dans le secondaire qui détermine une meilleure connaissance en supérieur et bien on s’aperçoit qu’il y a une grande différence avec nos pays avec nos cultures c’est que l’enseignant est reconnu, respecté et récompensé. Au Maroc ça c’est perdu, et le drame dans nos société dans beaucoup de cas on devient enseignant par défaut. Dans les trois pays précités ce sont les meilleurs élèves qui deviennent enseignants ».

Noureddine Mouaddib a déploré le manque de constance dans le système éducatif et a mis l’accent sur la massification en l’étayant de chiffres (en une décennie 120 000 bacheliers à 240 000 et 300 000 étudiants à 1 million).

Selon lui, « le système on ne peut pas le prendre que par un bout, c’est une réforme globale. Le gros problème que l’on a au Maroc et je me permets de le dire c’est que l’on a un souci de politique publique dans ce secteur-là. C’est-à-dire, qu’à chaque changement de gouvernement et donc de tendance politique on change complètement l’orientation des projets qu’on avait initiés auparavant».

Quant à la massification, a-t-il dit, « Le Maroc comme pas mal de pays connait ce phénomène-là. Quand on est face à cela les politiques publiques s’essayeront à gérer d’abord le quantitatif et de placer les jeunes avant que de s’intéresser au qualitatif ».