(Billet 398) – Le pouvoir exécutif n’exécute plus rien, ou presque…

(Billet 398) – Le pouvoir exécutif n’exécute plus rien, ou presque…

Dans gouvernement, il y a gouverner… et gouverner, c’est prendre des décisions et aussi assumer ses responsabilités. Cela semble évident de prime abord, mais tel ne semble pas être le cas de notre gouvernement. Les décisions prises à l’emporte-pièce se chevauchent avec les tergiversations et les hésitations, devenues semble-t-il la marque de fabrique du gouvernement Elotmani.

Les adultes exerçant une occupation professionnelle se sont résignés à attendre les communiqués de la 25ème heure, tombant opportunément et généralement à 22 heures. Pour les enfants, il en va différemment. Leurs parents, rivés à leurs télés et à leurs téléphones, leur ont dit le 6 septembre qu’ils allaient retrouver leurs amis le lendemain, avant que le gouvernement ne décide de leur gâcher la fête.

Cela fait aujourd’hui six mois, dont trois de confinement strict, que tout ce monde vit une situation burlesque si elle n’avait été grotesque : on s’enferme un trimestre, on suit les cours à distance… ensuite on ouvre, avant de refermer, tantôt les plages, tantôt les cafés, parfois les deux, avant de les rouvrir, en même temps que les cafés et restaurants ou successivement, puis de prononcer un isolement de plusieurs villes, sans jamais penser à le lever…

Le virus ne cesse certes de progresser au sein d’une population de plus en plus stressée. De quoi sera fait ce quatrième trimestre ? Les enfants iront-ils en classe ou non ? Les frontières seront-elles réouvertes un jour prochain, ou lointain ? Les lieux de distraction sont-ils ouverts au public, et pour combien de temps, et à quelles conditions ?

De deux choses l’une, ou la pandémie est...

dangereuse et on ferme tout en nous enfermant tous, ou elle ne l’est pas et on ouvre, mais tout et pour tous. Ce n’est pas ce qui se produit à Casablanca où des écoles sont fermées pour cause de détection de cas de contamination ou en raison du confinement de la capitale économique du pays… mais où d’autres sont ouvertes car bienheureusement situées hors de Casablanca. Or, être administrativement à l’extérieur de la préfecture de Casablanca ne signifie pas qu’on le soit viralement. Ville verte, Bouskoura et Dar Bouazza sont hors limites mais pas hors danger.

Or, dans ce silence assourdissant où seul le ministre de l’Education Saaïd Amzazi parle encore et essaie d’expliquer l’inexplicable et l’inextricable, un autre virus s’insère, s’insinue et s’installe : le virus de l’anxiété, de la peur de l’avenir et du déficit de confiance face à un pouvoir exécutif qui manque cruellement de pouvoir d’exécution et même de la volonté d’en avoir.

Le roi Mohammed VI s’est exprimé deux fois cet été et il a dessiné les grandes orientations. Que celles et ceux qui sont en charge de les mettre en œuvre veuillent bien parler un peu à 35 millions de personnes qui ne savent plus où elles en sont, à Casablanca, à Marrakech, à Laâyoune, à Fès, à Tanger, sans oublier ceux toujours coincés à l’étranger (il y en a !), les jeunes, les malades… et tous les autres.

Hormis M. Amzazi, donc, et M. Bourita et son embrouillamini libyen, plus aucun ministre ne s’exprime. Ce gouvernement n’a-t-il donc même pas le pouvoir de s’exprimer ?!

Aziz Boucetta