(Billet 377) – PI, PPS et PAM se méfient en leur for intérieur de la force de l’Intérieur

(Billet 377) – PI, PPS et PAM se méfient en leur for intérieur de la force de l’Intérieur

Dans un mémo rendu hier lors d’une conférence de presse fort solennelle, les partis de l’opposition que sont l’Istiqlal, le PAM et aussi le PPS (et oui…) ont décliné leur vision du monde… électoral à venir. Ils ont déroulé un ensemble de propositions pour faire des scrutins (en principe) programmés en 2021 un hymne à la démocratie représentative, participative… presque festive !

Adoptant l’attitude grave des grands jours, l’air austère et le regard sérieux, Nizar Baraka, Abdellatif Ouahbi et Nabil Benabdallah ont déroulé leurs idées, une centaine de minutes durant, devant un parterre d’invités, journalistes et politiques triés à la volée. Deux grandes idées se détachent de leur conférence : éloigner le ministère de l’Intérieur des élections et attirer les jeunes aux mêmes élections, la première idée favorisant la seconde ou, à l’inverse, la seconde étant un corollaire naturel de la première.

Tout y passe, le mémo rendu étant réellement exhaustif : inscription sur les listes électorales, découpage territorial, mode électoral, seuil fatal, financement, bureaux de vote, listes des femmes et listes des jeunes… Tout est bon, tout est logique, tout est sain… En principe, les autres partis devraient y adhérer, s’ils prennent la peine d’y réfléchir sereinement. Le problème, le grand et grave problème est que les partis restent dans leurs calculs politiques alors même que les populations comptent encore leurs abattis et réprouvent largement les règlements de comptes politiciens.

L’ensemble des points soulevés sont donc forts intéressants et les moult propositions formulées sont séduisantes, discutables certes mais séduisantes. On retiendra le point le plus étrange, quoique non nouveau et inédit, d’éloignement du ministère de l’Intérieur de la supervision électorale. Que signifie cela ? Un manque total de confiance dans ce département pour garantir la légitimité de l’opération électorale. La confiance… c’est bien là le nœud et le cœur du problème. Et de tout. Exprimer son manque de confiance dans un tel ministère implique plusieurs choses :

1/ Que ce département, depuis les temps immémoriaux de feu Driss Basri, continue d’être « la mère (et aussi le père) de tous les ministères » et que...

donc rien n’a été fait depuis 1999, date de l’éviction du grand homme. C’est ennuyeux d’entendre des chefs politiques passer ce message…

2/ Que les partis qui fonctionnent avec ce ministère depuis cette date entérinent donc ce qu’ils l’accusent de faire.

3/ Que ces partis sont tout simplement hypocrites ! En effet, ils ont multiplié les réunions avec M. Laftit, acceptant même (un détail ô combien symbolique) de lui confier le rôle d’administrateur d’une de leurs récentes réunions, en présence du chef du gouvernement qui n’y voyait à son tour aucune malice !! C'est certes un détail, mais c'est là que va nicher généralement le diable...

4/ Que la commission nationale intensément appelée des vœux de nos trois secrétaires généraux, déclinée localement dans les préfectures et provinces, confirme la prééminence de ce même ministère de l’Intérieur, même en confiant la présidence de ses émanations locales à un magistrat. Celui-ci reste en effet un homme, ou une femme, qui travaille en étroite intelligence avec le ou la gouverneur(e). Nous connaissons bien notre pays…

Et enfin, dernière remarque. Que reprochent ces partis au ministre de l’Intérieur, en personne ? Rien. Leurs griefs s’adressent au ministère, à la structure. Mais alors, gageons et retenons cette hypothèse de l’intégrité de MM. Benabdallah, Baraka et Ouahbi, et étudions également leurs structures. Nous leur ferons la charité de ne pas citer les noms de tous ceux qui gravitent dans leurs orbites et qui sont condamnés à de la prison ferme, ou qui risquent de l’être !

Non, le problème n’est pas (seulement) le ministère de l’Intérieur, mais les partis, tous les partis. L’Intérieur est dans son rôle et l’assume, comme les ministères de l’Intérieur de l’ensemble des pays du monde. Le problème est dans ces partis qui se présentent en parangons de vertu mais qui abritent en leur sein tellement de brebis égarées qui hurlent leurs valeurs et en font si peu de cas, vidant toute l’opération électorale de sa substance.

Nettoyons les écuries d’Augias de nos partis… Même le grand Hercule aurait jeté l’éponge pour ce 13ème travail !

Aziz Boucetta