Environnement: la pollution de l'air coûte 11 milliards de dirhams par an au Royaume

Environnement: la pollution de l'air coûte 11 milliards de dirhams par an au Royaume

Le rapport annuel de Greenpeace, «L'air toxique: le prix réel des combustibles fossiles», sur la pollution atmosphérique dans les pays du monde, est une nouvelle opportunité de mesurer l'impact grave sur la santé de la pollution atmosphérique et de l'économie mondiale. Plus près de chez nous, celle de «Greenpeace MENA» indique qu'au Maroc la pollution de l'air attribuée aux énergies fossiles coûte près de onze milliards de dirhams par an.

L'organisation «Greenpeace MENA» ajoute également qu'au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, le Royaume est très chaleureux dans la liste des pays qui souffrent chaque année d'un nombre relativement élevé de décès, avec 5100 décès en 2018, une bonne seconde dans le Région MENA juste après l'Egypte, qui arrive en tête de liste de l'organisation internationale non gouvernementale environnementale présente dans plus de 55 pays à travers le monde.

A titre de comparaison, le nombre de décès liés à la pollution atmosphérique en Algérie et en Tunisie est estimé respectivement à 3 000 et 2 100, indique le même rapport. Le rapport de Greenpeace MENA indique que le coût annuel moyen pour le Maroc de la pollution atmosphérique due aux émissions de combustibles fossiles est estimé à 0,9% de son PIB,11 milliards de dirhams par an. La Tunisie perd 400 millions de dollars par an, tandis que l'Algérie perd 840 millions de dollars par an, ce qui représente 0,5% de son PIB.

Commentant les résultats et l'impact économique qui accompagne l'impact sur la santé, un responsable de campagne de Greenpeace MENA, Mohammed Tazrouti, a déclaré que le Maroc souffre de graves problèmes qui menacent à la fois la santé et la «poche de chaque citoyen marocain». Peu importe, Greenpeace MENA a reconnu que le Royaume a un rôle moteur dans la lutte contre la crise climatique à travers «des engagements ambitieux, notamment dans le secteur des énergies renouvelables».

Le Maroc se positionne à cet effet comme un leader dans le secteur des énergies renouvelables, bénéficiant d'un retour d'expérience positif sur cette approche écologique et économique à l'international. Dans un projet à long terme, le Maroc cherche à produire 52% de son énergie à partir d'énergies renouvelables d'ici 2030.

Malgré ce leadership dans les énergies renouvelables,...

le charbon représente une grave menace pour le Maroc, a ajouté le rapport. Tazrouti, d'ailleurs, n'hésite pas à le mentionner lorsqu'il indique que le charbon est utilisé comme «la principale source de production d'électricité avec un taux élevé atteignant environ 50%». Une étude réalisée en 2020 par le King Abdullah Center for Petroleum Studies and Research a révélé que la production de charbon au Maroc représente un levier dans le secteur de l'électricité. Le charbon domine la capacité de production d'électricité du pays avec 58% de la production d'électricité en 2016, selon l'étude des ONG. Le charbon est suivi du gaz naturel avec 20% et du pétrole avec 10% dans le rapport de 2016. Le directeur de campagne, Greenpeace Mena, a également émis des commentaires négatifs à propos du charbon, affirmant que le matériau est «l'un des combustibles les plus polluants».

La nouveauté de ce rapport est qu'il accompagne l'actualité, abordant en cela le sujet de la pandémie de coronavirus (Covid-19) qui a secoué le monde ces derniers mois. Selon le directeur du programme de Greenpeace MENA, Julien Jreissati, «La pollution atmosphérique expose nos sociétés à toutes sortes de maladies chroniques, telles que les maladies cardiaques, le diabète, les troubles pulmonaires, y compris le cancer du poumon, et elle nous rend plus vulnérables aux virus qui attaquent le système pulmonaire, comme Covid-19. »  Il est rejoint en cela par Tazrouti qui affirme que le charbon produit « des polluants toxiques qui causent ces maladies chroniques et nous rendent plus vulnérables aux infections par des virus respiratoires comme Covid-19 ».

Cet argument est d'ailleurs étayé par une étude du West Virginia University Health Sciences Center, qui montre que les habitants des communautés charbonnières «se plaignent de problèmes de santé». L'étude s'aligne sur un large consensus international selon lequel le charbon est une source d'énergie dangereuse en termes d'environnement et de santé humaine. Des chercheurs de la Harvard TH Chan School of Public Health ont confirmé cette étude, constatant que les communautés avec des niveaux relativement élevés de pollution de l'air aux États-Unis ont enregistré des taux de mortalité plus élevés à partir de Covid-19 que celles avec des niveaux de pollution de l'air plus faibles.

Mouhamet Ndiongue