Inégalités : Oxfam Maroc appelle à des « mesures fortes et urgentes »

Inégalités : Oxfam Maroc appelle à des « mesures fortes et urgentes »

Le 1er mai 2020 sera un moment particulier pour des millions de travailleurs dans le monde. A cause de la pandémie du coronavirus, où les salariés et personnes marginalisées ne pourront scander leurs revendications de justice sociale, de dignité et de liberté Oxfam au Maroc appelle les décideurs politiques à prendre des mesures pour lutter contre les inégalités existantes et qui risquent d’exploser avec la crise du Coronavirus.

Dans un communiqué, Oxfam au Maroc signale que les études et données statistiques confirment une « réalité déjà inquiétante sur le marché du travail, avec un nombre d’emploi dans le secteur informel (sans l’agriculture) qui atteint 2,4 millions, soit 16,5 % de l’emploi total au Maroc, et avec une qualité et la quantité d’emploi créés très faible et instable ».

L’emploi informel se concentre dans des segments très précaires comme le micro commerce ambulant et de rue (53%), et regroupe des jeunes, des migrants, des femmes, des enfants, des personnes déscolarisées…

« Avec les mesures sanitaires d’urgence suite au COVID 19, pratiquement la totalité des travailleuses et travailleurs du secteur informel se sont trouvés.es dans l’arrêt total, brusque et violent de leurs activités dans plusieurs secteurs comme le tourisme, l’artisanat, l’agriculture, etc…, et se retrouvent sans aucune source de revenu ! », indique Xavier Duvauchelle, Directeur Pays d’Oxfam au Maroc.

Pour l’ONG, « la crise du Covid19 est une réelle opportunité à saisir par tous les acteurs politiques, économiques, sociaux ainsi que la société civile, pour amener nos décideurs à revoir profondément leurs choix de politiques publiques ». Précisant que « seule une action politique extrêmement ambitieuse de l’Etat peut permettre de surmonter cette crise en déclenchant une intervention urgente de santé...

publique, en appuyant les plus démunis et en aidant les familles à traverser cette crise. Il s’agit aussi de pouvoir relancer l’économie ».

L’ONG qui appelle à ce que des « mesures fortes et urgentes » soient prises pour corriger les distorsions constatées propose de faire jouer pas moins de quatre leviers pour ce faire. « Un plan national de santé publique et une intervention d’urgence pour un accès aux soins des plus démunis, des mesures fiscales justes et d’urgence, en commençant par une taxe de solidarité sur les grandes fortunes qui permettent d’assurer une protection sociale universelle qui couvre ceux qui sont dans l’informel. Protéger l’emploi, surtout les PME et TPE à travers un plan ciblant prioritairement les jeunes et les femmes : incitation, plan de formalisation de l’activité économique, flexibilité des tâches administratives, report des impôts, formation qualifiante, mentoring…. Et, enfin, de lancer un plan de formalisation de l’activité économique en mettant en avant de manière plus marquée les avantages (sécurité sociale, droits à la retraite en changeant d’emploi, simplification fiscale, l’accès au crédit) »

Oxfam au Maroc craint que l’intolérance par rapport aux inégalités devient de plus en plus élevée ; les citoyen.ne.s étant plus conscient.e.s de leurs droits et exprimant davantage leur insatisfaction, leurs besoins et leurs attentes.

Pour Abdeljalil Laroussi, Responsable de plaidoyer et campagne « Au lieu s’attaquer à la liberté d’expression et d’opinion et aux espaces civiques à travers des restrictions et limites inutiles, il est plus urgent pour le gouvernement de mettre le cap sur les vrais leviers de changement pour sortir de la précarité 4.3 millions de ménages qui travaillent dans l’informel et ne bénéficient d’aucune protection sociale. »