Finactu juge le confinement « brutal et disproportionnée » (rapport)

Finactu juge le confinement « brutal et disproportionnée » (rapport)

Pendant que les pays européens et les États-Unis se plongent dans un confinement drastique pour freiner la propagation du Covid-19, les dirigeants africains s’interrogent : comment tirer profit des expériences étrangères ? Notamment les différentes stratégies sanitaires qui correspondent le mieux aux différents contextes sanitaires, économiques, démographiques et sociaux.

Finactu a produit une étude sur le coronavirus et l’Afrique, intitulée « Quelles mesures pour atténuer l’impact de la crise sur les économies africaines »

Selon le cabinet de conseil en stratégie basé à Casablanca, le confinement est certainement la solution la plus efficace contre la propagation du virus, et permet d’éviter une diffusion trop rapide qui mettrait à mal le système de soins en envoyant en réanimation environ 10% à 20% des malades et condamnant une partie d’entre eux si l’accès à un service de réanimation n’est pas garanti.

Mais le confinement total, comme l’ont mis en place plus de 70 pays à la date du 14 avril 2020, est aussi la solution la plus brutale, qui apparaît à bien des égards comme totalement disproportionnée, pour plusieurs raisons :

  • la première faiblesse du confinement est qu’il impose une sanction à tous alors qu’il suffirait de limiter la circulation des seuls malades. De ce point de vue, le confinement apparaît comme une mesure peut-être disproportionnée en Afrique, qui ne s’explique que par l’absence de tests. En d’autres termes, le confinement est la bonne solution pour les pays qui n’ont pas la capacité de généraliser les tests pour ne confiner que les malades ;
  • parce qu’elle est brutale, en traitant de la même façon les malades et les non-malades et en mettant tout un pays à l’arrêt, la solution du confinement a des conséquences économiques dramatiques. Il n’est pas absurde d’ailleurs de s’interroger sur le coût économique d’un confinement, voire de le comparer au gain à mettre en regard en termes de vies sauvées.

En plus d’être brutale, la...

solution du confinement est clairement une solution de pays riches, peu réaliste dans des pays africains dont les populations comptent plus de 50% ou 60% de travailleurs informels se levant chaque matin pour gagner leur pain du jour. Solution d’autant moins réaliste que les gouvernements n’ont pas la capacité financière pour atténuer les conséquences économiques et sociales de l’arrêt de l’activité. Les hésitations de Kinshasa autour du confinement illustrent parfaitement cette problématique avec successivement le choix d’un confinement total, puis de la seule Commune de la Gombe (quartier d’affaires dans la capitale Kinshasa), la plus impactée par le Covid-19.

Le coronavirus et l’Afrique

« S’il peut être mis en place dans certains pays dans lesquels des filets sociaux existaient avant la crise et/ou pour lesquels l’État et la société civile ont pu constituer des fonds de soutien massifs aux entreprises et aux populations, la liste des pays qui ont pu mettre en place de telles mesures, totalisant un montant suffisamment important pour atténuer les effets de la crise économique dans la veine des pays du Nord, est maigre à la date de rédaction de cet article : le Maroc, l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Tunisie semblent les seuls. », a constaté Finactu.

Pour le cabiné de conseil, cette incompatibilité entre le confinement et les modalités de fonctionnement de la plupart des sociétés africaines a été clairement assumée par le Président du Bénin, Patrice Talon : « Contrairement aux citoyens des pays développés d’Amérique, d’Europe et d’Asie, la grande majorité des Béninois ont un revenu non salarial. Combien de personnes au Bénin ont un salaire mensuel et peuvent attendre deux, trois ou quatre semaines même sans travailler et vivre des revenus du mois ? […] Comment peut-on, dans un tel contexte où la plupart de nos concitoyens donnent la popote avec les revenus de la veille, décréter sans préavis, un confinement général de longue durée ? ».

La rédaction