Les prisons du Maroc comptent 85 767 détenus (DGAPR)

Les prisons du Maroc comptent 85 767 détenus (DGAPR)

Selon la Délégation générale de l'administration pénitentiaire et de réintégration (DGAPR), les 76 prisons du Maroc comptent 85 767 détenus, dont 40% sont en détention provisoire.

Les autorités affirment que les taux de surpopulation ont été réduits au cours des sept dernières années de 45% à 36,9%. Mais ils sont conscients que le nombre est encore très élevé. Le chef de la DGAPR, Mohamed Salah Tamek, s'est plaint en 2017 à la commission de la justice du Parlement de la pénurie de ressources matérielles et humaines dont il dispose. Cette année-là, le nombre de prisonniers était de 80 000. Salah Tamek a prédit que la situation pourrait empirer. Et maintenant, il y a 85 767 détenus.

Plusieurs prisons sont en construction, mais Abdallah Mouseddad, secrétaire général de l'ONG Observatoire marocain des prisons (OMP), objecte que la solution n'est pas d'augmenter leur nombre, mais de réduire le nombre de détenus.

Selon le journal, Elpais, en Espagne, avec une population de 46,8 millions d'habitants, 10 millions de plus qu'au Maroc, il y a 27 250 prisonniers de moins que dans le pays voisin. En Algérie, avec 42 millions d'habitants, il n'y avait que 63 000 détenus en 2018. Et ce mois-ci, le gouvernement algérien vient d'amnistier près de 10 000 détenus.

Le Maroc compte 237 détenus pour 100 000 habitants, selon les données recueillies par l'Institut d'enquête sur les politiques criminelles (ICPR), basé à Londres. La population carcérale du Maroc dépasse de loin celle de la Suède (61 pour 100 000 habitants) et celle de la France (105) et de l'Espagne (124). Mais aussi à ceux de la Tunisie (195), de l'Égypte (116), de l'Arabie saoudite (197) ou des Émirats arabes unis (104).

Un responsable européen, qui a visité avait déclaré «qu'il n'y a pas de cellules individuelles à l'exception des plus dangereuses ou de celles sous observation. Mais c'est parce que le modèle d'emprisonnement dans tout le Maghreb est d'avoir environ 25 personnes dans la même cellule. C'est la pratique habituelle. C'est vrai qu'ici au Maroc, comme en Tunisie et en Algérie, vous visitez ce qu'on vous laisse visiter et...

rien d'autre…», a rapporté le journal espagnol.

Un autre membre de l'Union européenne, propose que « le Code pénal marocain devrait être réformé ». « De plus, les concessions de probation doivent être encouragées. Et surtout, il y a un manque de sensibilité des juges lors de l'administration de la détention préventive. », ajoute t-il. En Espagne, le pourcentage de détenus préventifs est de 15% contre 40% au Maroc.

Malgré tous les maux, Abdallah Mouseddad reconnaît les progrès réalisés ces dernières années. «Les détenus peuvent désormais parler à l'étranger avec le téléphone cinq minutes par semaine. Il y a des télévisions dans les cellules. La nourriture s'est également améliorée. »

Mais le militant insiste sur le fait que le problème principal est celui de la surpopulation et de tout ce que cela implique. «Le budget dont dispose l’Administration est de nourrir seulement 80 000 détenus. Et en réalité, il y a beaucoup plus de prisonniers que les 85 000 que la DGAPR déclare. »

Mouseddad estime que la principale cause de surpopulation est l'utilisation abusive que les juges et les procureurs font de la détention préventive. «Ils ont mis n'importe qui en prison pour le simple fait de consommer de la drogue. Récemment, une jeune femme est décédée dont le crime était d'avoir consommé de la drogue. » Un autre problème qui, selon Mouseddad, provoque un excès de détenus, est qu'il n'y a pas de sanctions alternatives en dehors de la prison. « C'est quelque chose qui a été mis en œuvre en Algérie, par exemple. » Il souligne également que les libertés conditionnelles ne sont pas accordées. En 2018, seulement 12 des 657 permis demandés ont été accordés.

Au Maroc, les grâces accordées par le roi sont courantes, elles sont généralement promulguées à des dates festives telles que le jour où son arrivée au trône est célébrée. En 2018, 4080 détenus au total ont bénéficié de véritables mesures de grâce, que ce soit la libération ou la réduction des peines. Mais même les grâces massives n'ont pas empêché le Maroc de battre des records de nombre de prisonniers, souligne le journal.

Mouhamet Ndiongue