Corruption : le Maroc reste toujours dans la zone rouge selon l‘IPC

Corruption : le Maroc reste toujours dans la zone rouge selon l‘IPC

Le dernier indice de perception de la corruption de Transparency International, publié aujourd'hui, montre une stagnation du score du Maroc lors des 8 dernières années avec une légère remontée en 2018. A part cela, le Maroc reste toujours dans la zone rouge  avec un score de moins 50. La situation dans d'autres pays ayant empiré au cours de l'année écoulée, les deux pays du Moyen-Orient ont grimpé dans le classement.

Dans cet indice publié jeudi 23 janvier 2019,  qui a fait l’objet de 7 enquêtes différentes au cours de l’année 2019 recule à nouveau en occupant la 80ème position sur les 180 pays étudiés avec un score de 41/100 alors qu’il trônait à la 73ème place une année auparavant. Il est classé en milieu de tableau dans la région Moyen-Orient/Afrique du Nord (MENA), où la moyenne est de 39/100.

Par ailleurs, Transparency a mis en avant que le Maroc a obtenu des notes très contrastées selon les agences d’évaluation : entre 29 (Bertelsmann) et 52 (World Economique Forum WEF avait accordé une note de 57 en 2018).

 « Ces changements notamment au niveau de WEF constituent une vraie énigme », a martelé l’économiste et membre de Transparency Maroc, Azeddine Akesbi qui a présenté les résultats de ces enquêtes.

« Comment expliquer ces changements ? J’ai posé la question aux responsables de WEF pour connaître les critères sur lesquels ils ont fondé ces notes mais, malheureusement, je n’ai pas reçu de réponse », a-t-il expliqué, tout en mettant en doute les notes élevées attribuées par WEF à certains pays arabes comme l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis.

Il convient de noter que l’IPC est une enquête annuelle centrée sur la situation dans le secteur public et se base sur différentes enquêtes pour établir un score et un classement des pays sur une échelle de corruption et du déficit de transparence.

S’agissant du baromètre et de la transparence dans la défense, les enquêtes concernant 35 pays en Afrique ont montré que plus de 25 % des...

citoyens qui accèdent aux services publics (santé, éducation...) ont été contraints de donner des pots-de-vin, alors que deux tiers des enquêtés ont souligné qu’ils ont peur des mesures de rétention s’ils informent sur la corruption.

S’agissant du Maroc, 53 % des enquêtés ont annoncé que la corruption est en croissance au cours de 12 mois précédant l’enquête, contre 12 % qui estiment que la corruption est en décroissance, 26 % estiment que la situation est la même et 9 % seulement ont répondu qu’ils ne savaient pas.

Selon l’enquête, 64 % considèrent qu’en 2019 le gouvernement a fait un mauvais travail en matière de lutte contre la corruption.

Comment sortir de cette situation alarmante ? Selon Azeddine Akesbi, l’on ne peut élaborer « sérieusement » un nouveau modèle de développement si l’on passe sous silence la question de la corruption.

« Il faut se pencher lors de l’élaboration de ce nouveau modèle sur deux problématiques essentielles : la première concerne l’économie de rente généralisée dans tous les domaines, alors que la deuxième est la suivante : on ne peut pas réaliser le développement avec ce niveau actuel de corruption », a-t-il souligné lors de cette conférence. Et de préciser : « Je ne prétends pas que la corruption disparaîtra définitivement. Elle  ne disparaîtra jamais, mais on a besoin d’un système national d’intégrité qui lutte contre ce fléau. Donc, le problème ce n’est pas la disparition de la corruption, mais comment sortir de la corruption institutionnalisée, systématisée et utilisée politiquement aussi ».

A ce propos, Transparency Maroc a précisé que la sortie de la situation de « corruption endémique » exige « une volonté politique effective pour mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre la corruption », « la promotion de la transparence », l’adoption d’une loi sur les conflits d’intérêt, notamment au niveau des marchés publics », la révision de la loi relative à la protection des témoins, ainsi que la réforme et l’effectivité des lois sur la déclaration du patrimoine (ciblage, déclaration publique des hauts fonctionnaires).

Mouhamet Ndiongue