Scandale immobilier de Saada Atlantic: la justice toujours attendue

Scandale immobilier de Saada Atlantic: la justice toujours attendue

L'avenir de la station balnéaire du complexe résidentiel et touristique Saada Atlantic en plein essor d’Assilah (dans le nord), financé par un promoteur immobilier dénommé Mohamed Deghoughi Ben El Miloudi, est sous un nuage après plusieurs plaintes déposées contre ce dernier, notamment plainte pour escroquerie. L’enjeu, c’est des centaines de millions de dirhams.

Au départ, M. Deghoughi a lancé en décembre 2003 un projet  de construction d’un complexe touristique Saada Assilah (voir plan de masse) se situant sur la route nationale N1. Pourtant l’affaire parait démentielle, car le promoteur avait prévu de construire 700 bungalows, 4 hôtels, 1 marché, des équipements administratifs, 1 salle de sport, 10 cafés, 10 restaurants, 11 piscines, 8 terrains de sports, 1 station de traitement des eaux, des espaces-verts et 1 aqua-parc, sans compter un parking de 3000 places.

L’accroche marketing a tellement fonctionné que des milliers de personnes notamment de Marocains résidents  à l’étrangers vivant principalement aux Etats-Unis, au Canada et même en Inde, ont succombé à l’offre de M. Deghoughi, où il est exigé pour chaque acqueur le versement d‘un acompte de 50 000 ou 100 000 dirhams.

L’affaire prend forme et les chèques déposés. En contrepartie des promesses de vente sont délivrées, les constructions continuent et les futurs résidents patientent. Le temps passe, les acquéreurs  ne pas les clés en main tant promis. Entre temps, sur les huit blocs du projet, les tranches 4 et 5 sont déjà habitées dont certaines autorités locales de la région. De l’autre côté les futurs résidents pour la plupart non résidents de la région se sont concertés pour harmoniser les positions et pour voir plus clair les raisons du retard de la livraison.

Arrivées chez le promoteur, Mohamed Deghoughi Ben El Miloudi les acquéreurs se sont vus notifiés que les finitions des maisons sont à leur charge, suffisant pour attiser leur courroux car sur le contrat,  il...

est mentionné « livraison clé en main ».

Pour porter le combat contre le promoteur immobilier, les plaignants se sont mis en synergie et ont créé en 2011 une Association des dommages du projet du complexe résidentiel et touristique Saada Atlantic (ADSAD). Dirigée par Mohamed Ben Mamoune, l’ADSAD, a déposé plainte en 2014 au tribunal de première instance de Tanger pour « escroquerie ». Au-delà du collectif de l’ADSAD, des plaintes ont été déposées individuellement par les victimes. En clair, il est reproché à M. Deghoughi  « le manque de respect des engagements en conformité avec la maquette ».

Mais depuis la première plainte en 2014 aucun jugement n’est rendu, sinon 8 séances ont été tentées mais là aussi on joue au chat et à la souris : « soit le promoteur n’est pas présent, soit c’est son avocat ».

Avec le nombre important de plaintes déposées contre le promoteur, l’instruction peut  naturellement être longue, surtout avec 8 renvois pour « non présence du promoteur et son avocat ». Cependant, les victimes à l’image de Mme Nadia, membre de l’association s’impatiente de rentrer dans leurs fonds.

Pour le président de l’ADSAD Mohamed Ben Mamoune (vidéo), au-delà les finitions que le promoteur ne veut faire et qui sont estimées à 50.000 dirhams par maison, s’ajoute le non-respect des autres engagements à savoir, construction de marché, de salle de sport, de piscines, de terrains de sports, de station de traitement, d’espaces-verts … Par ailleurs, il est noté l’année dernière une inondation a eu lieu sur le site.

Mieux, « les autres projets du promoteur qui se trouvent dans d’autres localités du royaume sont aux arrêts », renchérit madame Nadia.

Pour l’heure, la justice est attendue afin d’élucider cette affaire qui vient s’ajouter à la longue liste des scandales fonciers du royaume.

 

Mouhamet Ndiongue