Chakib Benmoussa : « La Commission devra conclure au plus tard fin juin 2020 »

Chakib Benmoussa : « La Commission devra conclure au plus tard fin juin 2020 »

L’ambassadeur du Maroc à Paris Chakib Benmoussa avait été reçu par le roi Mohammed VI le 19 novembre dernier, et il avait été nommé à la tête de la Commission spéciale pour un nouveau modèle économique, annoncée depuis deux ans et promise par le roi dans son discours du 29 juillet. Depuis, plus rien, jusqu’à cette sortie de M. Benmoussa, avec la presse, pour expliquer les tenants et les aboutissants de sa future œuvre, qui devra être achevée à fin juin 2020.

L’ambassadeur en France, qui le restera, a réuni en son domicile plusieurs patrons de presse représentant tout le spectre des médias marocains, presse écrite et médias digitaux, chroniqueurs et journalistes, arabophones et francophones. Une séance détendue, avec des journalistes tous aussi détendus, mais un Chakib Bemoussa certes décontracté mais qui ne parvenait pas à dissimuler quelque appréhension face à sa nouvelle tâche.

On le comprend ! Il s’agit rien de moins que de changer la configuration du royaume, sur les plans social, économique, culturel, industriel… et tout cela en sept mois, en comptant ce mois de décembre. Autant dire que si Hercule avait eu une 13ème tâche, elle aurait pu être celle-ci… Mais Chakib Benmoussa, en excellent technocrate et en hommes de dossiers et de missions difficiles, semble savoir comment prendre les choses ; il n’en dira pas plus, du moins tant que les membres de la Commission n’auront pas encore été désignés par le chef de l’Etat.

1/ La Commission. « Elle se composera, ainsi que l’a précisé Sa Majesté, d’expertises et de compétences, marocaines, d’ici ou d’ailleurs, dont la tâche sera d’élaborer un modèle de développement maroco-marocain, qui empruntera certes des idées d’autres pays du monde, mais qui ne seront que des sources d’inspiration ».

M. Benmoussa n’a pas apporté plus d’explications sur la composition de cette Commission, « qui devra être nommée dans les prochains jours par Sa Majesté », sauf que le travail de ses membres sera entièrement et totalement bénévole et que la mission des membres sera collective.

Les membres viendront du secteur privé ou public, du Maroc ou de l’étranger, mais la taille de la Commission restera « raisonnable », précise M. Benmoussa, afin de pouvoir assurer l’écoute des différents acteurs sociaux et/ou économiques, sans être pléthorique. « Le travail et l’adhésion de tous est requise, et tout le monde devra s’impliquer », assène gentiment mais fermement le diplomate, par ailleurs ancien ministre de l’Intérieur.

2/ L’approche. Trois termes reviennent souvent dans la bouche de Chakib Benmoussa : « l’écoute », « le diagnostic » et « l’humilité », car la préoccupation première et principale du diplomate est d’instaurer un climat de confiance, un réel sentiment de proximité et la conviction que tout cela se fera...

dans la sincérité, pour convaincre. Cela passe d’abord et avant tout par la définition de la méthodologie à retenir pour cette tâche colossale, en ayant cette idée en tête que le cahier des charges général de la Commission sera fondé et largement articulé autour du contenu des derniers discours royaux.

En outre, et pour tenir les gens informés et concernés, le travail de la Commission, de ses membres et de son président, se fera dans un cadre participatif, ponctué de rencontres régulières avec les médias, mais faisant intervenir également ls réseaux sociaux, cette chose par laquelle les heurts, bonheurs et malheurs arrivent…

3/ L’action. Une fois le diagnostic établi et l’état des lieux achevé, les gens de cette Commission auront une parfaite connaissance, structurée, des acquis réalisés dans ces dernières années, de même que les insuffisances et les faiblesses constatées. Le citoyen, ne doit jamais être très loin des différentes préoccupations de la Commission, « l’humain devant rester au cœur de notre travail ».

La Commission devra impliquer toutes les composantes de la société, civile et politique, car le fondement et le fondamental même de cette commission devra être le social (éducation, santé, transport, mécanismes de redistribution des richesses…).

4/ Et après ? Une fois le rapport rédigé et la copie rendue au chef de l’Etat, à la fin juin, un mois avant le discours du Trône, il appartiendra aux institutions politiques – et non politiques aussi – de la nation de s’atteler à la tâche de mettre tout cela en œuvre et en pratique. Cela signifie que la Commission pour un modèle de développement ne sera que consultative. Elle ne remplacera pas les partis, elle ne se substituera pas à la politique.

En un mot, comme en cent, il faudra établir un nouveau contrat social, en faisant montre d’audace et d’innovation, de créativité et de cohérence. Et vite, très vite…

Quant aux nombreuses réformes déjà engagées ou du moins pensées, la tâche de la Commission sera d’apporter également des propositions pour leur mise en place, rapide et efficace. Des mécanismes seront donc réfléchis et conçus pour la mise en place des conclusions qui, encore une fois, précise M. Benmoussa, ne seront qu’indicatives et non impératives. « Les termes et l’esprit de la Constitution seront respectés ».

 

La tâche de M. Benmoussa promet d’être rude car on ne change pas un pays par la seule volonté d’une commission. Il appartiendra donc aux membres de celle-ci de savoir créer un climat de confiance, pour attirer les compétences et être en mesure d’apporter des idées, de les articuler entre elles, et d’en rendre possible la réalisation. On ne peut que souhaiter bon courage à M. Benmoussa et aux (futurs) membres de sa commission.

Aziz Boucetta