(Billet 146) – Et si on organisait des Assises politiques, aussi ?...

(Billet 146) – Et si on organisait des Assises politiques, aussi ?...

Il y des moments dans la vie où il faut être optimiste et voir les choses à travers ce qu’elles ont de meilleur. Il y a des moments dans l’existence où il faut se dire que, oui, nous sommes quand même une exception, une insularité de stabilité dans un tumulte d’intérims… Mais il y a aussi des phases où il faut reconnaître qu’avec ces atouts, nous ne devrions pas lever le pied et baisser les bras, car il y a toujours un platane devant. Nous avons des atouts, alors utilisons-les en tout et pour tout, au bénéfice de tous.

En Espagne, la classe politique n’en finit pas de se déchirer autour de majorités relatives et étriquées. Le royaume est certes une grande démocratie, mais à quoi cela sert-il d’avoir des institutions fortes, quand elles sont continuellement ballotées ? La Tunisie entre en période d’incertitude, maîtrisée certes, mais incertitude quand même. En Algérie, le pouvoir est aussi autiste que complotiste, aussi sourd aux attentes que très lourd à la détente.

Au Maroc, reconnaissons que nous avançons, lentement et durement, plus ou moins assurément, mais nous avançons. En cette période de célébration des 20 ans de règne de Mohammed VI, tant de chose ont été faites, et tant de choses attendent encore de l’être. Et admettons également que ce qui a été fait est le fait, direct ou indirect, de l’action débridée chef de l’Etat, et ce qui n’a pas été fait est l’effet direct d’une classe politique ridée...

et auto-bridée.

Il reste la classe politique, amplement surclassée pour la plupart de ses membres mais largement déclassée aux yeux de l’opinion publique. Or, pour qu’un pays fonctionne, la politique est nécessaire. On débat beaucoup aujourd’hui en ces temps pré-électoraux sur le fameux article 47 de la constitution, qui impose que le chef du gouvernement soit issu du parti arrivé premier aux législatives.

Faut-il, donc, amender cet article ou réprimander les politiques qui le privent de sa charge éminemment démocratique ? La constitutionnaliste Nadia Bernoussi déconseille un changement opportuniste, à la veille d’un scrutin. Soit. Mais il faut bien que quelque chose change, pour que tout change. La classe politique alors ? Impossible, voyons… mais en ces temps de Révolution du roi et du peuple, il serait bon d’œuvrer pour l’évolution de ce qui se trouve entre les deux, à savoir les politiques, dans le cadre d’un grand débat faisant intervenir les partis, la société civile, les intellectuels, la diaspora et les jeunes.

D’où l’utilité d’Assises de la politique, où l’on pourrait chanter : « Ils sont venus, ils sont tous là, dès qu’ils ont entendu ce cri, elle va mourir, la Oumma. Ils sont venus, ils sont tous là, ceux du sud et ceux du nord, ceux de la tradition et ceux de l’action. Y aurait même Benky, l’ex-chef ébaudi, des sermons plein les lèvres »… Et on causera, on glosera, on proposera… et peut-être que le Maroc avancera, cette fois, vite et mieux…. Parce qu’il le vaut bien !

Aziz Boucetta