Zoom n° 22 : l’opium de masse !

Zoom n° 22 : l’opium de masse !

Après l'engouement général cristallisé autour de la Coupe d’Afrique des Nations, il est maintenant utile de voir qu’est-ce qui a été retenu d’essentiel de cette CAN 2019, à part quelques critiques qui ont fusé notamment sur la problématique de l’arbitrage « africain ». Pour autant on a surtout vu la renaissance nationaliste de certains citoyens africains excluant d’autres de l’Afrique et d’autres se faire bloc contre le reste. Mais tous vivent dans ce même continent qu’ils disent aimer chèrement.

Si la religion est l’opium d’un peuple, le football participe à l’abrutissement des peuples. « Le foot est populaire parce que la stupidité est populaire », déclarait en effet l'écrivain argentin, Jorge Luis Borges, qui reliait le fameux sport à une forme d'abrutissement de masse…

Le football est inextricablement lié au nationalisme, une autre des objections de Borges au sport. « Le nationalisme ne permet que des affirmations, et toute doctrine qui élimine le doute, la négation, est une forme de fanatisme et de stupidité », a-t-il déclaré. Les équipes nationales génèrent de la ferveur nationaliste, donnant ainsi la possibilité à un gouvernement peu scrupuleux d’utiliser un joueur vedette comme porte-parole pour se légitimer.

Des gouvernements, tels que la dictature militaire ou cleptocratiques utilisent le sport dit roi pour se donner une légitimité en partageant avec les fans de leur équipe nationale ce sentiment patriotique pour obtenir leur soutien. Car le football inspire un fanatisme...

si profond que les supporters suivront des matchs dans un état second.

Toutefois, face aux mouvements de masse, on accuse effectivement les médias de complicité dans la création d'une culture de masse vénérant le football et, de ce fait, s'ouvrant à la démagogie et aux manipulations.

Aujourd’hui, les humains ont cette soif d'appartenir à un grand plan universel, quelque chose de plus grand que nous. La religion le fait pour certaines personnes, le football pour d'autres. Les humains en général ont souvent besoin d’être aux prises avec ce désir et se tournent vers des idéologues ou des mouvements aux effets désastreux : le narrateur de l'histoire « Deutsches Requiem » devient un nazi, tandis que dans « La loterie à Babylone » et « Le Congrès », de petites des organisations en apparence se transforment rapidement en vastes bureaucraties totalitaires qui pratiquent des châtiments corporels ou brûlent des livres. Ils voulent faire partie de quelque chose de plus grand, de manière à aveugler les défauts qui se développent dans ces grands projets - ou les défauts qui leur étaient inhérents depuis le début. Et pourtant, comme nous le rappelle le narrateur de « The Congress », l’attrait de ces grands récits est souvent trop probant.

Le foot, un appareil idéologique d'État qui empêche les masses laborieuses d'être porteuses d'un autre projet social que celui auquel elles sont obligées !

Mouhamet Ndiongue