(Billet 137) – La Chambre déconseillée

(Billet 137) – La Chambre déconseillée

C’est un peu l’histoire du médecin qui confond toujours le foie et le pancréas… La Chambre des Conseillers vient d’être en effet sérieusement recadrée par la Cour constitutionnelle, sur 51 articles de son règlement intérieur, sur 370. Et dire que c’était la Chambre de nos premières amours (politiques)… On pourrait en rire, avant d’en pleurer, puis de basculer dans l’indifférence définitive.

Ils sont 120 conseillers, pompeusement appelés « sénateurs », ce qui est vrai car tout dans leur marche et démarche évoque « un train de sénateur », l’allure et l’allant en moins, et l’assiduité encore moins… et de fait, ils auront mis, avec leur vaillant président, pas moins de trois ans avant d’élaborer leur règlement intérieur. Il est vrai que M. Benchamas n’est pas une fusée, lui dont les mots pourtant, fusaient jadis quand il n’était pas encore président … La copie, remise et soumise à l’œil fureteur des magistrats de la Cour constitutionnelle, a été sévèrement et sèchement rejetée ! 51 articles ne sont pas conformes à la Constitution… et cruelle, la Cour constitutionnelle a envoyé son arrêt au Bulletin Officiel pour publication, afin que nul n’ignore.

Comment donc une institution supposée légiférer peut-elle autant ignorer la loi, le droit tout en continuant d’avoir la foi en elle-même et en sa très hypothétique utilité ? Il y a là des syndicalistes, des politiques, et même...

des gens de la CGEM, pathétiques à force de vouloir jouer aux politiques. Plus grave encore, le Bureau de la Chambre est supposé regrouper tous les partis, qui se retrouvent donc coresponsables de cette farce juridique. Où sont les « gros bras » juridiques de l’Istiqlal, du RNI, du PJD, du PAM, des autres ? N’y en aurait-il donc pas ? Il semblerait que non. Et le pire est que ce n’est même pas étonnant…

Il est vrai que dans une institution supposément législative où siègent des gens condamnés, et qui même sévissent au sein de la commission de la Justice, quoi attendre de bon ? En outre, la Chambre déconseillée est présidée par un personnage appelé Hakim Benchamas, qui a un art remarquable du rebond et s’est longtemps imaginé en homme d’Etat, qui rêvait pour son parti d’une marche aux flambeaux avant de le retrouver en lambeaux.

En résumé, une Chambre présidée par un personnage contesté au sein de sa formation, peuplée de créatures étranges, de l’intrigant au condamné, n’ayant aucun pouvoir de destitution du chef du gouvernement, œuvrant des années durant sans règlement intérieur et incapable de produire un texte conforme à la constitution qui l’a créée et qu’elle est censée défendre… une Chambre qui coûte la bagatelle de 278 millions de DH. Qu’en attendre de bon ? Rien.

Aziz Boucetta