(Billet 115) – Quelqu’un aurait-il des nouvelles de M. Sajid ?

(Billet 115) – Quelqu’un aurait-il des nouvelles de M. Sajid ?

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, Mohammed Sajid n’est plus maire de Casablanca ; il a pris du galon, devenant inexplicablement chef de parti et mystérieusement ministre. Cela devrait suffire comme info… mais pour les très curieux, il est ministre du Tourisme, du Transport aérien, de l’Artisanat et de l’Economie sociale, et le parti qu’il préside s’appelle l’UC.

M. Sajid est entré en politique en 1993, voici un quart de siècle mais, espiègle, il a toujours veillé à maintenir la chose discrète. Député de Taroudant, sa biographie officielle raconte qu’il a été à l’origine de la construction de routes dans sa région originelle de Taroudant. Seule sa biographie officielle le dit, mais puisqu’elle le dit…

« Elu » maire de Casablanca en 2003, puis en 2009, dans un capharnaüm d’alliances et de contre-alliances, on retiendra de son mandat deux événements : L’acte héroïque d’avoir voué aux gémonies l’hégémonie du PAM, mais un acte furtif car M. Sajid, dont l’héroïsme n’a pas laissé une marque indélébile, s’est très vite rétracté. Une décision téléphonée sans doute… Le second fait marquant de son passage à la mairie de Casablanca est l’étrillage royal en règle dont il fut l’objet lors d’un discours officiel. D’autres que lui ne s’en seraient pas remis, mais M. Sajid est lisse et sait manœuvrer en coulisses.

En 2015, il est triomphalement élu à la tête de la lilliputienne UC, à l’issue d’une grande sauterie d’un millier de personnes, dont quelques figures connues et beaucoup de...

figurants plus ou moins saugrenus qui l’ont préféré à l’alors prometteur Anouar Zyne. Quelques mois après, M. Sajid est privé de mairie et, fort marri, il se terre et attend un bienfaiteur… qui a pour nom Aziz Akhannouch. Celui-ci l’impose au gouvernement PJD de Saadeddine Elotmani qui, bon prince, ne lui tient pas rigueur d’avoir « trahi » son parti en 2009. Avec le RNI, l’UC forme un groupe parlementaire pompeusement appelé « rassemblement constitutionnel », ce qui ne signifie rien en science politique…

Le voilà donc ministre du (entre autres) Tourisme… enfin, si l’on en croit les spécialistes, car on ne le voit jamais et on ne l’entend pas plus qu’on entend parler de lui, malgré les hiatus du tourisme, malgré le scandale des files d’attente à l’aéroport de la ville dont il fut maire, malgré son projet d’Assises du Tourisme sur lequel il s’est assis. Laissant l’héroïque Lamia Boutaleb à la manœuvre, M. Sajid prend de la hauteur, adopte la posture de Penseur rôdé (ci-contre) ou érodé (ph. Illust.), cogite beaucoup mais s’agite peu, sauf à rencontrer quelques grands patrons étrangers qui pourraient être utiles pour la suite.

En s’alliant avec lui, Aziz Akhannouch a commis une lourde faute. Comment a-t-il pu le proposer à M. Elotmani et comment ce dernier peut-il composer avec lui ? Il faudra chercher la réponse ailleurs que chez l’énigmatique M. Sajid ou dans son parti rachitique… Ou peut-être même pas la chercher !

Aziz Boucetta