(Billet 100)- Le problème n’est pas les jeunes qui partent mais ceux qui restent

(Billet 100)- Le problème n’est pas les jeunes qui partent mais ceux qui restent

Beaucoup d’encre indélébile, de salive et de bile, et même quelques larmes de crocodile ont été versées sur ces jeunes qui partent du Maroc et qui ne reviennent pas. Le royaume se vide de ses talents et de ses cerveaux, qu’il a formés avant d’en faire don aux étrangers, en l’occurrence aux Français, ravis, qui nous les ravissent. Mais le problème est plus marqué quand on voit ceux qui restent…

« Tout ce qui est excessif est insignifiant », disait Talleyrand… Aussi, ne soyons pas excessifs et ne généralisons pas pour garder du sens, mais pour autant, le constat est rude. Une grande partie de la jeunesse marocaine est tiraillée entre incivisme, fraude et violence. Où qu’on tourne la tête, on constate ces graves manquements au civisme.

Quand un match de foot se joue, la violence est souvent au rendez-vous. Les autorités publiques ont bien tenu des réunions, fait communion et même communiqué abondamment sur les périls de cette violence. Las... Un simple derby est synonyme de ville en état de siège et de sièges qui volent. En période d’examen, les inévitables fraudes sont là, malgré l’Etat énervé et les tas de surveillants certes bienveillants mais souvent impuissants ; que peuvent-ils contre des jeunes qui usent des nouvelles technologies pour abuser de nouvelles méthodes de triche ? Et qui d’entre nous n’a pas eu maille à partir avec ces fous du volant, ou du guidon, tout juste sortis de l’adolescence ou qui refusent d’entrer en maturité, se jouant des règles, réglant leurs comptes...

à coups de queues de poisson et vous lançant à la figure des propos de corps de garde ?

Le point commun entre tous ? Et bien, ce n’est pas l’Etat – quoique… –, mais les parents ! Il faut en prendre conscience, le dire et au besoin le redire. On ne peut tout imputer à l’Etat, quand les éducateurs ne font pas le job. Depuis Victor Hugo, on sait que « l'éducation, c'est la famille qui la donne ; l'instruction, c'est l'Etat qui la doit ». La loi n’est donc que l’expression écrite, en amont, d’une morale personnelle que l’on doit acquérir en aval. Si les parents montrent du laxisme et/ou, plus grave, montrent le mauvais exemple à leurs enfants, on ne peut reprocher à ces derniers d’être des marginaux de la loi, de la conscience et même du bon sens.

Plus prosaïquement, au Maroc, on dit « الله يلعن من رباك » ; quand on reproche à un jeune d’être « mal élevé », c’est en creux sa famille qu’on accable, car c’est elle qui « élève ». Mais pour autant, l’Etat a sa responsabilité, dans son laxisme à l’égard des jeunes abrutis fous du volant, fous au stade ou pas foutus de subir un examen sans kit high tech acheté à vil prix à Derb Ghallef.

Et pourtant, une fois en terres étrangères, ces jeunes filent droit, car en ces lieux, on ne badine pas avec le droit. Et c’est là que l’Etat doit intervenir ; les couplets patriotiques, c’est bien, mais parfois, sévir n’est pas toujours desservir.

Aziz Boucetta