(Billet 99) – Le coup de pied de la (DGS) haine

(Billet 99) – Le coup de pied de la (DGS) haine

Lui est humoriste marocain résidant en France, et l’autre est policier marocain présidant un rond-point. Une joute est née entre eux on ne sait pourquoi et une violence en a découlé pour on ne sait toujours pas pourquoi. Toujours est-il que sur les réseaux, on a vu le policier décocher un coup de pied à l’humoriste, et il n’en a pas fallu plus pour enflammer la Toile.

« Voici le fait.  Un homme vient dans un rond-point, il y trouve un agent, lequel a grise mine. Or, celui pour lequel on plaide est affamé (de succès). Celui contre lequel on parle se retrouve autem plumé (par le live). Et celui pour lequel on plaide, filme en cachette, celui contre lequel on parle. L’on décrète. On le prend. Enquête pour ou contre initiée. Jour pris, le web doit parler, il parle, il a parlé »… Ainsi auraient pu résumer cette affaire les Plaideurs de Racine…

Quels que soient les faits et les circonstances, la règle universelle est qu’un policier en tenue, dépositaire de la loi et en charge de son exécution, ne donne pas de coup de pied ou de gifle à un citoyen, même un peu tête à claques... Ce n’est pas du tout cela, la violence légitime de l’Etat… Quand un fait quelconque survient, ce n’est pas à l’agent de (se) faire justice. Il peut, par exemple, interpeller l’indélicat, au besoin le menotter, et si nécessaire le conduire au procureur, lequel avisera...

Sur les réseaux, pourtant, et tout en se réclamant du droit, on a vite jugé et condamné...

le policier, glapi à la hogra, accablé la gente policière, glosé sur la loi et la foi, et fait circuler une capture écran rappelant la Stasi au mieux de sa forme ! On peut certes difficilement demander aux fans de M. Radi d’être objectifs, mais on peut attendre des preux défenseurs des droits qu’ils soient justes et légalistes… Nous autres Marocains avons cette fâcheuse manie de brûler la maison quand une poussière se pose sur le sol…

Il aurait été, pourtant, tellement bon pour nos valeureux justiciers du web d’attendre les conclusions de l’enquête diligemment ouverte par la DGSN qui, contrairement à tant d’autres administrations de ce beau pays, quand elle ouvre une enquête, la referme rapidement, avec des décisions. Attendons-les avec, si possible, un peu de raison : DGSN ne doit pas rimer avec haine.

Amine Radi, l’humoriste ivre de lui-même, vit de ses live, sévit dans ses vidéos, et ravit le populo avide de ces faits. Il avait l’air plutôt bien dans son live, souriant, jubilant même, cherchant le contact, traquant le buzz, mentant un peu au besoin… et grâce à cette histoire, il a gagné des fans. Mais il faudra qu’il prouve que le policier l’a insulté, et pourquoi… et qu’il explique la raison pour laquelle il l’a botté… Dans l'intervalle, cette affaire rappelle un peu celle de M. Lamjarred, quand les fans oublient le droit et restent dans l'émotion affective...

L’agent sera certainement sanctionné. Il le doit même… Mais M. Radi devra également s’expliquer, et même s’autocritiquer, voire même, possiblement, avec ses fans, s’éduquer. 

Aziz Boucetta