Zoom n°14 : Toute honte bue !

Zoom n°14 : Toute honte bue !

«Oui, l’Europe peut accueillir la misère à laquelle elle a fortement contribué.»

La succession des milliers de morts dans la méditerranée n’a toujours pas ému les dirigeants des pays émetteurs de migrants clandestins. Et pourtant à chaque occasion, ces dirigeants africains disent accorder une attention particulière au sujet des « jeunes », considérés comme une priorité, et on comprend pourquoi. En Afrique, les jeunes de moins de 25 ans, qu’on arrose de discours fallacieux comptent 60% de la population, donc un bon grenier électoral.

A Abidjan, un 29 novembre 2017, chefs d'État africains et des chefs de gouvernement et ministres des pays de l'UE se sont rencontrés pour discuter de l'état du partenariat entre l'Union européenne et l’Afrique. Durant ce sommet, les dirigeants ont discuté presque de tout: de l'avenir des relations entre l'UE et l'Afrique, de la paix et de la sécurité, de la gouvernance démocratique, des droits de l'homme, de l'investissement et du commerce, du développement des compétences, de la création d'emplois et surtout des migrations et de la mobilité. Au finish, ils sont arrivés au statutquo ante indépendance.

Et depuis ce fameux sommet où plusieurs engagements avaient été pris, le flux migratoire ne s’est pas estompé, loin s’en faut. Et face à tout cela : le silence assourdissant des dirigeants africains. Ces derniers, ne ratent ni sommet ni conférence ni forum et sont toujours les premiers à ratifier traités, conventions, protocoles… Juste une affaire de formalité pour eux. Alors que même si c'est pour des raisons purement électoralistes, les Européens tentent de répondre à l'urgence des migrants en Méditerranée et apporter des réponses concrètes à la lutte contre les massacres qui s'accumulent, leurs homologues africains continuent d'ignorer les tragédies méditerranéennes.

Cependant, la société civile, les organisations internationales, y compris les médias, tous ou presque ont dénoncé l’échec des politiques européennes en matière de migration et son incapacité à contrecarrer un phénomène.

Les accusations contre l'Europe peuvent être résumées par les positions d’Amnesty International qui, dans un rapport au titre sans équivoque (« L'Europe sombrant dans la honte ») montre du doigt les manquements de l'UE. Les Nations Unies ont à leur tour accusé l'Europe « d'avoir tourné le dos à certains des migrants les plus vulnérables au monde, risquant de transformer la Méditerranée en un vaste cimetière ».

Avec les critiques les plus acerbes dirigées contre l’Europe, les dirigeants africains en grande partie responsables de ce phénomène ne se soucient guère des milliers de morts dans la méditerranée ou dans le désert algérien.

Dans ce silence coupable des dirigeants africains,...

le président nigérien, Mahamadou Issoufou, a eu l’idée de l’interrompre. Le président Issoufou affirme que « le moment est venu pour chacun d'assumer ses responsabilités ». Mais comment peuvent-ils les assumer  sans mesures sérieuses et pérennes.

A cela s’ajoute le pillage systématique des matières premières africaines et qui accentue l'appauvrissement des populations au profit de l’oligarchie politico affairistes, des multinationaux en deal avec les politiques, de soi-disant gouvernements démocratiques…

Se plaignant des vagues de migrants qui se déversent chaque jour chez eux, les occidentaux, qui restent largement silencieux sur la mauvaise gouvernance des dirigeants africains qui n’hésitent pas à faire main mise sur les compagnies pétrolières de ce contient. A propos du pétrole et du gaz africain, ils ont fourni la couverture politique, les capitaux et la technologie nécessaires pour extraire le pétrole des riches puits offshore des pays et facilitent la dissimulation (et l'investissement à l'étranger) d'importantes sommes d'argent.

En 2010, les exportations de combustibles et de minéraux d'Afrique représentaient 333 milliards de dollars, soit plus de sept fois la valeur de l'aide allant dans la direction opposée. Et les pays africains ne reçoivent généralement qu’une petite fraction de la valeur de leurs industries extractives, du moins par rapport aux sommes que leurs autres ressources tirent de leurs ressources.

Les institutions financières multilatérales, sous la direction de la Banque mondiale et de sa Société financière internationale (SFI), exercent souvent une forte pression sur les pays africains pour qu’ils acceptent de petites redevances sur la vente de leurs ressources naturelles, les avertissant qu’elles seraient autrement protectionnistes et évitées par les investisseurs étrangers. Sur ce, le résultat est comme une vente aux enchères inversée, dans laquelle les pays pauvres se font concurrence pour vendre des bijoux de famille au plus bas prix.

Dans le même temps, les géants des secteurs pétrolier, gazier et minier ont recours à des stratégies ingénieuses d’évasion fiscale, sous-estimant fortement la valeur de leurs actifs dans les pays africains et allouant la majeure partie de leurs revenus à des filiales dans des paradis fiscaux tels que les Bermudes, les Îles Caïmans et les Îles Marshall. Certains gouvernements occidentaux tolèrent et même défendent ces accords, qui augmentent les profits des sociétés occidentales et des grandes entreprises multinationales. Mais ces évasions fiscales limitent davantage les bénéfices que les États africains tirent de leurs ressources. Ainsi de suite…

L'histoire de Elf dans les grands lacs résume à elle seule ce qu'on peut appeler un système de braquage : Donnez moi ce que vous avez sinon je mets le feu.

Mouhamet Ndiongue