(Billet 71) – Enseignement, un débat languissant…

(Billet 71) – Enseignement, un débat languissant…

Débattre de langues vivantes au sein d’une classe politique moribonde, voilà un spectacle voluptueux pour fin gourmet. Entre ceux qui défendent le français parce qu’on le leur a dit et les pourfendeurs des langues étrangères ayant préalablement placé leurs enfants dans les écoles privées ou étrangères, la situation est kafkaïenne. Dans l’attente, 8 millions de gamins languissent...

Ce débat surjoué sur les langues évoque quelque peu celui du Brexit chez nos amis Anglais, de la passion, de l’émotion, de l’indécision, de la pression… et au final, une monstrueuse tension… Et pourtant, les signes abondent pour leur faire prendre conscience, à nos élus, à supposer qu’ils aient une conscience…

Ainsi, que le roi s’exprime en quatre langues devant le pape, sans raison particulière de le faire, est un signe qui ne trompe pas, mais dans l’interprétation duquel nos députés se trompent lourdement. Ils se passent le bavoir pour hurler, la larme à l’œil et le trémolo dans la voix, que l’enseignement doit se faire intégralement en arabe, car elle est langue nationale et reflète notre identité. Fichtre, mais quid de l’amazigh, langue tout aussi nationale et en plus identité véritable des Marocains ? Nul n’en cause, et pourtant une déclaration à ce sujet n’aurait pas été superflue…

Autre point intéressant : où étudient les progénitures de nos riants...

guérilleros de la langue arabe… Que ces refuzniks du français et de l’anglais disent donc au bon peuple, au nom de la transparence et de l’honnêteté, les établissements qu’ils ont choisis pour leurs enfants : allez MM. Benkirane, Azami Drissi, Baraka et autres chantres de الثوابت , de العروبة et accessoirement de l’islam, on vous attend avec trépidation ! Pour cette question de langue, n’auriez-vous pas finalement la langue fourchue ?

Eludant et éructant, M. Benkirane a évoqué l’idée d’un référendum (applaudissements). Mais outre le fait que cela ne relève pas de lui, aurait-il la conscience et la décence, le courage et l’élégance d’admettre qu’un jeune arabisé jusqu’au bac ne pourra pas apprendre d’autres langues après, et qu’il sera condamné à non seulement ne pas de trouver de job, mais à vivre pauvre comme Job ?

Ce débat languissant et les coups bas lassants rappellent le mot du théologien américain James Freeman Clarke, à déguster lentement : « un politicien pense à la prochaine élection. L'homme d'Etat, à la prochaine génération » ! Le Maroc n’a nul besoin de politiques sans éthique, moralement étiques, et encore moins de fqihs atrabilaires, mais de technocrates froids qui donnent chaud au cœur ! Les puristes de la démocratie grimperont sans doute aux rideaux, mais ils en redescendront bien un jour, et ça leur passera…

Aziz Boucetta