(Billet 68) – Baraka a Ssi Nizar !

(Billet 68) – Baraka a Ssi Nizar !

On a beau l’expliquer aux députés en arabe ou en amazigh, mais surtout pas en français, la décision de franciser les matières scientifiques ne passe pas, faisant trépasser chaque jour un peu plus le gouvernement Saadeddine Elotmani, de plus en plus momifié. On dirait un vulgaire Bouteflika zombifié, menacé de destitution avec l’article 102 de la constitution algérienne ; contre le gouvernement Elotmani, Nizar Baraka agite le 103 de la constitution marocaine…

Depuis qu’il a été élu à la tête de l’Istiqlal, aussi laborieusement que largement, Nizar Baraka joue les fiers-à-bras et multiplie les coups contre le gouvernement de Saadeddine Elotmani. En juin dernier, il avait avancé l’idée d’une loi de finances rectificative pour rectifier le tir politique et aussi, et surtout, pour fructifier son image de nouveau leader, possiblement « zaïm ». Las…  Aujourd’hui, face au blocage persistant de la loi cadre sur l’enseignement, le même Baraka recommande l’activation de l’article 103 de la constitution.

Que dit cet article ? « Le Chef du Gouvernement peut engager la responsabilité du gouvernement devant la Chambre des Représentants, sur une déclaration de politique générale ou sur le vote d’un texte ». Cela s’appelle aussi une motion de confiance, dont le vote requiert la moitié des membres de la Chambre des représentants, soit 198 élus. Pas la moitié des députés présents lors du vote, mais la moitié de l’effectif total. La maison est quand même...

bien tenue…

Le problème est que ce gouvernement composé de gens supposément de confiance n’inspire assurément plus aucune confiance, en dépit des sourires éternels de MM. Elotmani et Akhannouch, du fatalisme résigné de l’éjecté Benabdallah, des barrissements tonitruants de M. Lachgar et de la monumentale indifférence de MM. Sajid et Laenser. On peut donc aisément trouver 198 députés pour faire chuter un gouvernement qui ne tient plus que par la grâce de Dieu, ce qui est pas mal… ou de l’article 109 du règlement intérieur de la Chambre qui impose le vote électronique ou à main levée. La maison est décidément très bien tenue car ainsi, on sait qui a voté quoi…

Alors pourquoi Nizar, comme son papy, fait-il de la résistance ? Sans doute pour restaurer sa gloire passée à un parti du passé un peu dépassé par les événements et quelques partis. Mais M. Baraka, est-il au moins sûr que ses propres députés souhaitent aller à des élections périlleusement anticipées ? Rien n’est moins sûr. Quand on a une sinécure, on la cultive et on ne vit pas dangereusement, même pour plaire à l’élégant Monsieur Nizar ; une élection, ça coûte cher et ce n’est jamais sûr. Alors baraka a Ssi Nizar !

Dans l’attente, les élèves attendent avec résignation et inquiétude que les politiques cessent de faire joujou avec leur avenir déjà incertain…

Aziz Boucetta