Zoom n°7 : Bouteflika un jour, Bouteflika pour toujours

Zoom n°7 : Bouteflika un jour, Bouteflika pour toujours

Président, père de la nation, combattant de l’indépendance… C’est fou ce que certains homme d’Etats africains aiment se ressembler. De Bouteflika à Obiang Nguéma, en passant par Mugabe en son temps, tous les gérontes dans leurs pays respectifs, embêtant leur monde et veulent rester au pouvoir éternellement et cela par des tours de passe-passe !

A 82 ans, Bouteflika voulait rempiler pour un cinquième mandat de cinq ans. Président à près de 100 ans ! Hilarant pour beaucoup de citoyens algériens suspendus aujourd’hui à ce que sera la suite après le coup d’Etat constitutionnel perpétré par Bouteflika et/ou son clan.

Les Algériens pris au piège par la Cour constitutionnelle manifestent aujourd’hui en masse partout dans le pays, pour clamer « la fin du système », et le départ de toute la classe de ploutocrates.

D’ailleurs, les manifestations populaires qui se déroulent depuis début février dans la plupart des grandes villes algériennes mais également dans certaines capitales européennes constituent sans aucun doute le début d'une nouvelle séquence historique de la vie politique algérienne.

Il faut dire que l’ancien combattant de la libération qui a fait ses premiers pas en politique chez ses cousins marocains fait partie des « combattants de l’indépendance ». Et ancien militant du FLN, il incarne aujourd’hui la carcasse mortifère de la  bureaucratie algérienne.

Comme la plupart de ses collègues africains dont l’ex président ivoirien, Laurent Gbagbo, avec son fameux slogan à la veille de la présidentielle avait laissé entendre qu’à l’issu de l’élection « je gagne ou je gagne » d’où son sobriquet, « le boulanger », car il avait la manie de rouler tout le monde dans la...

farine. Leur crédo c’est de ne pas céder le pouvoir car « c’est nous qui avons combattu contre l’occupation, donc à nous veiller sur la patrie ». Vision très réductrice. Leur méthode : tripatouillages constitutionnels.

Avec une constitution taillable à merci, Abdelaziz Bouteflika s’est trouvé un allié de taille, la Cour constitutionnelle. Ni par la lettre, ni par l’esprit, en 2012, la loi fondamentale algérienne est interprétée selon les vœux du très « conscient » président, Bouteflika, tant et si bien qu’on n’assiste pas à de la Divination digne de l’oracle de Delphes. En réalité, est-ce réellement le président « mourant » qui veut se maintenir au pouvoir ? A qui profite le crime ? De toutes les manières, Bouteflika et Sa Cour constitutionnelle ont fait un véritable pied de nez à la démocratie !

Toutefois, les manifestations qui risquent de conduire à un printemps algérien soft, marquent l'entrée sur la scène politique d'une nouvelle génération socialisée au cours des deux dernières décennies, c'est-à-dire après le traumatisme qu'a constitué la décennie noire. Et en Algérie, elle s’est caractérisée surtout par la polarisation croissante entre un État minoritaire social rentier enrichi de manière scandaleuse et une large majorité appauvrie en permanence du fait des politiques libérales de désindustrialisation, de privatisation et de démantèlement des services publics. Sans compter l'absence d'alternative crédible du fait de la tentative d'imposition par l'État algérien du courant de « l'Islam politique » au sein de l'appareil d'Etat et de la bourgeoisie compradore. Ce cocktail explosif arrive à maturité et ouvre toutes les possibilités…

Loin du printemps arabe, le printemps algérien promet d’être... prometteur !

Mouhamet Ndiongue