(Billet 15) - Enrico Macias et la Saint-Valentin

(Billet 15) - Enrico Macias et la Saint-Valentin

Voici le fait : Enrico Macias a programmé un concert le 14 février sur nos terres, mais une partie de nos gens s’y oppose… en face, d’autres s’opposent à cette opposition, et tiennent à aller écouter les mélopées sirupeuses du chanteur français. Cela ne fait pas plaisir à tout le monde, pourrait-on dire … Il est vrai que l’inviter chez nous le jour de la Saint-Valentin, la journée de l’amour, lui qui soutient bruyamment une armée pas spécialement connue pour son amour et son humanisme, c’est un peu limite…

Et donc, les uns, ses pourfendeurs, des militants propalestiniens, des activistes antisionistes, des gens qui ne sont ni l’un ni l’autre mais qui sont épris d’humanisme, disent que M. Macias est haineux ou sioniste ou hypocrite ou ambigu... et ils ont raison. Les autres, ses soutiens, rétorquent qu’il ne faut pas tout mélanger, qu’art et culture ne riment pas avec guerre et politique, qu’il ne faut pas voir le mal partout… Et ils ont tout aussi raison que les premiers, qui sont bien plus nombreux.

Les uns et les autres sont ce qu’on appelle une opinion publique, et le fait qu’elle débatte, même de questions aussi subsidiaires que la venue ou pas d’un artiste sur le retour, est rassurant quant à la vitalité de notre société,...

non antisémite mais antisioniste. Maintenant, posons le problème sous cet angle : s’il vient, ceux qu’il gêne seront infiniment plus accablés que ceux qui le soutiennent, s’il ne venait pas... il serait bon que les seconds respectent les premiers...

Autrement dit, si les positions prises par M. Macias relèvent de son plein droit à exprimer ses choix politiques, elles heurtent cependant une majorité de Marocains qui ont également le droit total d’être opposés à ces mêmes choix, sans pour autant être antisémites. Oui, Enrico Macias aime Israël et Tsahal, et c'est son droit... ceux qui veulent aller le regarder auront choisi de ne pas être gênés par cela, et c'est aussi leur droit. Mais pourquoi, au nom de la tolérance, priver du leur ceux que les positions de M. Macias heurtent ?

La venue à Rabat en novembre du prédicateur misogyne Omar Abdelkafi était une erreur, et celle programmée de M. Macias le sera aussi... Alors, pourquoi ne pas dire gentiment et poliment, mais fermement, à ce Monsieur qu'il n'est pas le bienvenu au Maroc, car de la même manière que le négationnisme est interdit en France, le sionisme pur et dur est honni ici.

Que chacun agisse chez lui comme il l’entend, et que chez nous, la minorité entende la voix de la majorité.

Aziz Boucetta