« Moul Hanout » : les épiciers se révoltent

« Moul Hanout » : les épiciers se révoltent

Les épiciers du Maroc veulent un débat serein avec le gouvernement. Un collectif composé de plusieurs épiciers vient d’être mis en place dans cet objectif louable : faire part des sérieuses revendications des épiciers au gouvernement. C’est que l’heure est en effet grave. Depuis le 13 février dernier et lors d’un sit-in devant le parlement à Rabat, les « Moul Hanout » crie haut et fort à qui veut les entendre qu’au sein de leur profession, rien ne va plus.

Les superettes qui poussent comme des champignons, y compris dans les quartiers les plus populaires, sont une menace. « Il faut savoir que si chaque magasin de cette enseigne emploie 2 à 3 personnes, il peut conduire à la fermeture de plus de 7 commerces de proximité », explique Omar Farhi le président du collectif « Moul Hanout ».  L’enseigne qui est pointée du doigt est Bim Stores, ces superettes turques qui fleurissent aujourd’hui partout au Maroc. Selon un membre du collectif, cette enseigne affiche dans ses magasins des prix bien plus réduits que ceux des grossistes auprès desquels les épiciers s’approvisionnent.

Lors du sit-in, les commerçants ont aussi mis en avant leur situation...

sociale qu’ils jugent désastreuse. Mhammed Debbouz, membre de l’association professionnelle des commerçants de la Willaya du Grand Casablanca, a déclaré qu’une charge fiscale pouvant atteindre parfois jusqu'à 200.000 DH hante les commerçants de détail, et cette charge pèse sur les 1.200.000 épiceries au Maroc.

« Si nos parents sont morts d’épuisement dans des épiceries, nous les fils, ne voulons pas que ce soit le cas pour nous », s’exclame Omar Farhi, du collectif. Ce dernier précise que les épiciers travaillent plus de 18 heures par jour. Ils devraient donc, à ce titre, bénéficier d’une couverture médicale et d’une retraite honorable. Ce n’est pas le cas… et les commerçants ne comptent pas se taire. Leur silence n’a que trop duré, selon Omar Farhi. Le collectif se dit prêt à entamer un dialogue serein avec le gouvernement pour trouver une issue à ces multiples problèmes.

Rappelons que les épiceries sont une sorte de soutien à la consommation nationale, avec leurs célèbres petits carnets qui aident les ménages, presque tous les ménages, à boucler leurs mois. Nous sommes en train d’assister à une mutation socio-économique d’importance et les pouvoirs publics sont interpellés pour trouver une solution.

Qods Chabâa