Algérie : La Banque Mondiale alerte sur les choix économiques du premier ministre

Algérie : La Banque Mondiale alerte sur les choix économiques du premier ministre

Sur les perspectives économiques algériennes, publiées ce 17 avril, la Banque mondiale est venue alerter sur les méthodes du premier ministre Ahmed Ouyahia, qui, se voulant protectionniste utilise le seigneuriage comme alternative pour maquiller un déficit public inquiétant.

D’emblée, la Banque Mondiale estime qu’une légère baisse de la production d'hydrocarbures, qui n'a pas été compensé par plus de dépenses publiques attendues, a occasionné le ralentissement de la croissance algérienne en 2017. Cela a manifestement entrainé des défis structurels sur la croissance des secteurs non-hydrocarbures et en plus de l’augmentation continue de l'inflation. Cependant, à court terme, l'usage exclusif du seigneuriage pour résorber le déficit budgétaire aura besoin de prudence dans la gestion.

Dans ce court rapport, Perspectives économiques algériennes publié le 17 avril, la Banque Mondiale estime que « La croissance économique de l'Algérie s'est ralentie en 2017 en raison d'une légère baisse de la production des hydrocarbures et que le PIB réel de la croissance en 2017 est estimé à 2,1%, avec un ralentissement de 3,3% en 2016. ». L’institution financière mondiale précise en outre que « Ce ralentissement a été principalement entraîné par une faible croissance de la production d'hydrocarbures qui a diminué de 1,4% en 2017 ; un contraste frappant avec le démarrage dynamique au premier trimestre de la même année ».

Des choix économiques très « algériennes »

Le document indique que les déficits budgétaires substantiels ainsi que le « double -digit déficits » courants externes ont épuisé l'épargne fiscale et les réserves. Les dépenses publiques ont diminué de moins que prévu en raison de difficultés à poursuivre l'objectif budgétaire 2017. En fait, un nouveau gouvernement nommé en mai 2017 a mis fin à la consolidation fiscale de certaines dépenses publiques et se retrouve avec comme un résultat, un déficit budgétaire estimé à 8,2% en 2017.

Cependant, la tentation de remettre à plus tard cette...

consolidation sera forte, même au milieu d'une trajectoire de crise financière déclenchée par l'utilisation du seigneuriage pour financer le déficit public.

La Banque Mondiale alerte

« Les déficits se détérioreront davantage en 2018. », alerte la BM qui prévient que « la dépendance à l'égard du financement monétaire est une préoccupation majeure. ». Le rapport mentionne que dans le cadre budgétaire actuel (2018-2020), adopté dans la loi de finances pour 2018, les dépenses publiques resteront très élevées et ne seront pas compensées par une augmentation potentielle des recettes publiques due à la reprise attendue des prix et de la production pétrolière et le déficit budgétaire augmentera en 2018 (11,4% du PIB),

« L’intention manifestée par les autorités de recourir au financement monétaire est très préoccupante », écrivent les analystes de Bretton Woods, pour qui « le recours au seigneuriage pour financer le déficit budgétaire » peut mener le pays « vers une crise financière ».

Se parer au plus presser

Sans d’autres alternatives, la BM soutient que seule l’endettement est la seule voie possible à cause du déficit public devenu très sérieux et que « sans financement non conventionnel, toute l’économie algérienne s’arrêtera brutalement ».

Par ailleurs, l'économie est confrontée aux défis du mécontentement social et à la gestion de la politique monétaire non conventionnelle nouvellement adoptée.

Le mécontentement social grandissant concernant le gel des dépenses du gouvernement, les hausses d'impôts et les niveaux élevés de chômage des jeunes constituent un risque important pour les perspectives évoquées ci-dessus. En plus Certains de ces mécontentements sociaux sont en jeu depuis le début de l'année, comme le soulignent les grèves de médecins à Alger et dans d'autres grandes villes. L'adoption d'une politique monétaire non conventionnelle a réduit les contraintes de finances publiques à court terme, mais envoie les mauvais signaux sur la réorientation de l'économie pour qu'elle soit moins dépendante des hydrocarbures a conclu la Banque Mondiale.

MN

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