Istiqlal, un Conseil national fou fou fou…

Istiqlal, un Conseil national fou fou fou…

Le mot fou, c’est pour rappeler le désormais célèbre qualificatif attribué par le chef du gouvernement et du PJD, Abdelilah Benkirane, à son ancien (et très certainement futur) ennemi, Hamid Chabat, qu’il avait appelé « hbil Fès » (l’écervelé de Fès). La grand-messe d‘aujourd’hui a été l’occasion pour l’encore secrétaire général de l’Istiqlal d’essayer de se maintenir, en se convaincant que le gouvernement est encore possible…

Une grand-messe, à défaut de conseil national, car celui-ci doit être convoqué par son président, en l’occurrence Taoufiq Hjira. Or, celui-ci a publié un communiqué niant avoir entrepris une telle action, ce qui ôte à la réunion d’aujourd’hui toute légitimité. Et pourtant, ce sont près de 1.000 personnes qui étaient présentes à cette réunion, ovationnant leur champion, Chabat, acclamant ceux qui lui restent fidèles, vitupérant contre les ennemis de l’Istiqlal, de Chabat, de la patrie, de la vie, de tout…

Chabat a commencé par affirmer qu’il « ne répondra pas aux dirigeants historiques du parti », en l’occurrence Mhamed Boucetta et Mhamed Khalifa, signataires d’un manifeste contre l’actuel secrétaire général. Mais il n’a pas hésité à qualifier de « traîtres » ceux qui ont demandé sa démission, et dont une grande partie figure parmi ceux qui ont signé le fameux manifeste. Sauf qu’il se trouve que personne n’a demandé officiellement sa démission, le manifeste se contentant de constater « l’incapacité et l’incompétence de Chabat à continuer d’assumer la direction du parti ».

En s’exprimant, le chef de l’Istiqlal a usé d’une ficelle très en vogue en ce moment au sein de notre classe politique. La convocation opportuniste des glandes lacrymales. Abbas el Fassi l’avait fait en son temps, Abdelilah Benkirane l’a refait lors de cette dernière campagne électorale, et Hamid Chabat s’y est aussi essayé cet après-midi. A défaut de convaincre, on fait appel à l’émotion et aux sentiments, et le comble est que cela marche toujours autant…

 Voici ce qu’ont été les grandes « idées » développées par Hamid Chabat face au « Conseil national extraordinaire » :

1/ Il a présenté sa démission au Comité exécutif, qui l’a refusée… Evidemment, un Comité...

exécutif où n’étaient pas présents Hjira, Karim Ghellab, Yasmina Baddou et d’autres…

2/ Il ne souhaite pas être ministre, « pour couper la route à ceux qui nous guettent et nous épient » ;

3/ Il ne participera plus aux concertations pour la formation du gouvernement avec Benkirane  cette tâche étant désormais confiée à Bouamar Taghouane, Mohamed Soussi et à Hamdi Ould Rachid ;

4/ Il n’assurera plus directement la gestion du parti, une mission qui sera déléguée aux membres du Comité exécutif.

Et Chabat pleura, abondamment, passionnément.

Donc, on l’aura compris, l’Istiqlal veut toujours être de la partie gouvernementale, et pour mieux le faire comprendre, Abdallah Bakkali (patron d’al Alam et membre du Comité exécutif) l’a encore rappelé : « Le parti est toujours attaché à l’alliance avec Benkirane pour le gouvernement, et ce dernier l’est tout autant que nous, du moins selon ce qui s’est dit lors des dernières réunions », a expliqué Bakkali, avant d’ajouter qu’ « il faut attendre la communiqué final du Conseil national »… Quant au RNI, le même Bakkali ajoute que « le parti de l’Istiqlal a de tous temps eu de bonnes relations avec le RNI, et que le respect est mutuel »… Manière de revenir sur l’exigence d’Akhannouch d’exclure l’Istiqlal de la future majorité.

Quant à Abdelilah Benkirane, il a annoncé attendre le communiqué final de l’Istiqlal. Pour le RNI, le chef du gouvernement a dit, dans un sursaut d’orgueil concernant le délai de réflexion dont avait parlé Akhannouch à l’issue de leur rencontre du 29 décembre : « Qui vous a parlé de délai ?… et qui accorde un délai à l’autre ? ».

Globalement, les choses sont claires.

1/ L’Istiqlal ne sera pas au gouvernement.

2/ Abdelilah Benkirane a pris sa décision de fond et attend de savoir comment gérer la forme.

3/ Hamid Chabat est sur le départ, un pied dehors déjà, mais essaie de gagner du temps dans l’espoir d’un deus ex machina.

4/ Les dirigeants de l’Istiqlal, tous injoignables cet après-midi du 31 décembre, sont réunis en conclaves séparés pour préparer la riposte en vue de pousser totalement et définitivement Chabat vers la sortie.

Aziz Boucetta

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