Algérie : la présidentielle fixée au 18 avril
A trois mois de la fin de son mandat à la tête de l’Etat, le Président Abdelaziz Bouteflika a convoqué le corps électoral algérien pour le 18 avril sans toutefois préciser s’il briguerait ou non un 5è mandat.
A la tête de l’Algérie depuis 1999, le mandat de l’actuel chef de l’Etat algérien expire le 28 avril prochain. Son camp l’appelle depuis plusieurs mois à se représenter pour un cinquième mandat, mais A. Bouteflika, 81 ans, n’a toujours pas fait part de ses intentions.
Selon la loi, les candidats éventuels ont désormais 45 jours à partir de la publication du décret, soit jusqu’au 4 mars, pour déposer leur dossier auprès du Conseil constitutionnel. Ainsi, l’hypothèse du report de la présidentielle évoquée ces derniers temps lors d’une rencontre entre Said Bouteflika, frère du chef de l’Etat, et Abderrazak Makri, leader du principal parti islamiste du pays, est tombée, désormais, à l’eau.
Réagissant à chaud à ces développements, Abderrahmane Mekkaoui, géopoliticien et algérianiste de renom a rappelé que l’opinion aussi bien algérienne qu’internationale devrait s’accommoder avec cette « période de floue » qui poigne à l’horizon. Une période des « plus propices, juge-t-il, à la manifestation d’intérêts antagoniques entre les quatre clans qui se livrent à une guerre larvée depuis quelques mois déjà ». La seule constance que l’on pourrait mettre en évidence « est celle qui permet aux clans de sauvegarder leurs intérêts à l’ombre du 5è mandat». On comprend dès lors les raisons qui ont fait que Mouloud Hamrouche, « candidat des militaires, mais aussi celui du FLN » soit écarté de la course.
A. Mekkaoui craint que « la lutte entre les clans, incapables qu’ils sont de se mettre d’accord sur un candidat consensuel, ne soit encore plus féroce ». La configuration actuelle que présente le système algérien est déroutante. On y trouve Ahmed Gaïd Salah, puissant chef d’état-major, qui « joue pleinement la carte de la stabilité », laquelle serait « sous sa garantie » et présenterait dans ce sens « un gage présenté aussi bien à l’international que pour les besoins internes » pour que rien ne change. En face, l’ancien chef d’état-major Mediène, Alias Mohamed Toufik, qui s’oppose au prolongement du mandat d’A. Bouteflika.
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ses yeux, comme aux yeux de ses partisans, « toute prorogation du mandat présidentiel serait une trahison et de la République et des Moudjahidines ». Entre ces deux extrêmes d’autres naviguent entre deux eaux. Comme c’est le cas pour les responsables actuels de la DASS, « puissantissime direction de la sécurité » qui veulent avoir droit au chapitre. La même logique étant aussi prégnante du côté de la Garde présidentielle du Général Benali Benali dont « l’objectif consisterait, en servant les appétits de S. Bouteflika, frère du Président, à sauver les intérêts du clan Bouteflika en perte de vitesse. »
En face, le peuple algérien qui suit de près l’évolution de la situation cultive « irritation et inquiétude », comme le rappellent à tout observateur averti « les contenus divulgués sur les réseaux sociaux ». La colère sourd et les accusations fusent quant à l’implication « de puissances étrangères tels les USA, la France ou encore la Russie, dans le dessin du futur algérien ». L’Algérie dont 65% de la population à moins de 30 ans d’âge s’interroge sur le futur du pays après le 18 avril. Evoluera-t-on vers « un no futur » s’exclament les plus aigris face à une situation socioéconomique des plus déplorables pour un pays riche en hydrocarbures…
Pour A. Mekkaoui, cette réalité a de quoi « susciter l‘intérêt, à défaut d’inquiéter le Maroc ». A ses yeux, « lorsque notre voisin de l’Est vacille, il ne faut absolument pas s’en réjouir, mais plutôt faire preuve d’une grande vigilance » au regard des retombées que la situation de blocage pourrait charrier. Des retombées qui pourraient déstabiliser d’avantage la région, comme le confirment nombre d’acteurs régionaux relevant aussi bien de la Tunisie que de la Mauritanie. « Le retour en force des militaires sur la scène algérienne a de quoi faire peur tout aussi fort que l’implosion du système lui-même ».
Voilà pourquoi l’évolution de la situation en Algérie est suivie de près à l’international. A charge pour « l’élite marocaine de se faire une raison pour ne plus rien ignorer de ce qui se déroule dans ce pays voisin, de sa doctrine, de sa psyché, etc », résume l’algérianiste A. Mekkaoui.
La rédaction
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