L’approche OCP et la méthode MIT pour le développement social à Laâyoune et Dakhla

L’approche OCP et la méthode MIT pour le développement social à Laâyoune et Dakhla

Du 25 novembre au 1er décembre, la ville de Laâyoune était à l’heure du jeune entrepreneuriat. Organisée par la fondation Phosboucraa (groupe OCP) et le Massachussetts Institute of Technology (MIT), cette rencontre a mobilisé un parterre de jeunes entrepreneurs et d’experts venus du Maroc, Afrique subsaharienne, Canada, Etats-Unis… mais en amont de ces activités de création de projets, puis de leur mise en œuvre, il y a les structures OCP, toujours dédiées aux jeunes, toujours sous l’angle de vue anglosaxon, toujours avec cette efficacité toute américaine…

Ainsi, la fondation Phosboucraa (FPB), parmi ses nombreuses activités et ses tout aussi multiples champs d’intervention, s’investit dans la création d’entreprise. Mais, bien évidemment, pas pour son compte, mais en œuvrant à apporter aide, assistance, et conseils aux jeunes gens des provinces du sud. Fondée en 2014, la FPB encourage l’innovation dans plusieurs secteurs : éducation et santé, agriculture (comme à Foum el Oued), culture, développement urbain ou encore, et surtout, entrepreneuriat.

L’idée générale est de partir, de se lancer, de démarrer toute intervention à partir des problématiques des gens, avec cette idée maîtresse que chaque cas nécessite un traitement approprié et personnalisé. Et c’est à partir de cela que la Fondation a alors abouti à la création de Laâyoune Learning Center (LLC) en 2014, puis de Dakhla Learning Center (DLC) en 2016.

Le mode de fonctionnement de LLC. Pour Laâyoune Learning Center, plusieurs axes d’intervention sont développés : l’employabilité, l’associatif, l’entrepreneuriat, l’éducation, … et les activités transverses, c’est-à-dire qu’elles parcourent tout le spectre des autres activités.

Après avoir identifié la cible, le porteur de projet et le secteur de ce même projet, on commence par l’écoute, en vue de l’orientation ; cela concerne les jeunes de 18 à 30 ans, diplômés et/ou à la recherche d’emploi, avec comme objectif « l’émergence de compétences ».

Une autre manière d’agir est l’accompagnement à l’emploi, ou même, plus, à l’auto-emploi, avec une sensibilisation à la création d’entreprise. Une fois cela fait, si fait, on ne laisse pas le jeune livré à lui-même. On le suit. Si tout va bien, alors c’est bien. Si tel n’est pas le cas, on reprend la formation, une formation complémentaire affinée autour des raisons qui ont conduit à l’échec.

Mais il n’y a pas que les jeunes… les enfants sont également « coachés », ou « mentorisés ». C’est surtout en 3ème année du collège que la déperdition scolaire devient la plus alarmante, et certains collèges sont plus concernés que d’autres. Alors ils deviennent une « cible » privilégiée afin d’orienter l’enfant à rester dans son parcours scolaire. Mais pour ceux des enfants qui ne sont pas « sauvés », on les oriente alors vers les établissements de la formation professionnelle. On voit que là, la FPB ne travaille pas seule, comme c’est déjà le cas pour le Centre Khouribga Skills, mais avec les structures publiques relevant du ministère de l’Education nationale.

Résultat : les appuis à l’employabilité ont bénéficié à 13.000 personnes depuis 2014, et des formations-métiers ont été dispensées, avec 143 bénéficiaires. Pour l’employabilité, 1.632 jeunes ont été admis et parmi eux, 1.176 ont été formés. Au niveau de l’entrepreneuriat, et plus particulièrement des TPE, ce sont 21 petites entreprises qui ont été créées, suite à 427 heures de formation et près de 1.000 heures d’accompagnement ; de plus, 21 coopératives ont vu le jour pour 1.160 heures de formation.

Pour ces coopératives, concernant des effectifs de plus de 3 personnes âgées de 18 à 50 ans, les montants d’investissements vont de 50.000 à 250.000 DH, avec des aides plafonnées à 50.000 DH, le reste devant être cherché et trouvé par les entrepreneurs.

Le mode de fonctionnement de DLC. Quatre axes d’action sont suivis : la sensibilisation à l’entrepreneuriat, le programmes de création d’entreprises (en pré-création et post-création), les appuis aux associations ayant le même objectif que DLC, et les...

actions transversales entre les acteurs locaux œuvrant dans le domaine de l’entreprise.

Globalement, l’idée principale est de donner envie de créer une entreprise, sachant que le financement, quand on sait y faire, ne pose pas problème. Et c’est ainsi le cas de ce jeune entrepreneur, licencié en droit privé, qui s’est retrouvé à créer son entreprise de traitement de menuiserie aluminium, avec un capital de départ de 80.000 DH. Quand il explique son projet, on comprend alors que la formation a porté ses fruits car le jeune homme est littéralement habité par son projet, sachant que ce n’est qu’en aval que DLC l’a aidé à avoir des marchés de menuiserie. Et la même chose s’est produite avec trois jeunes femmes, toutes diplômées de l’université, toutes aujourd’hui cheffes d’entreprises, avec un effectif moyen de trois à six employés par structure.

L’opération MIT D-LAB/Fondation Phosboucraâ. Et ainsi donc, à Laâyoune, début décembre, c’est l’heure de la consécration et des prix pour tous ces jeunes bénéficiaires des programmes de formation, avec l’assistance active et effective du (très) prestigieux Massachussetts Institute of Technology, à travers le réseau Practical Impact Alliance (PIA).

Précédé d’une phase de pré-sélection et de formation d’une durée de 3 semaines dispensée du 12 octobre au 2 novembre à des jeunes des 3 régions du sud motivés et intéressés par l’entrepreneuriat, le sommet est un laboratoire d’idéation qui favorise l’échange, l’apprentissage et l’expérience.

Après 5 jours de workshops, fin novembre, durant lesquels les experts américains vont appliquer la méthodologie de co-design du D-Lab MIT pour développer des idées entrepreneuriales autour de 6 projets différents, les différents groupes, composés de 60 personnes dont 17 jeunes entrepreneurs de la région, ont présenté leurs projets et reçu les prix du jury, remis par les autorités de la ville. Les lauréats seront ensuite suivis, accompagnés, soutenus, cachés au besoin, par le MIT et FPB. C’est ainsi que fonctionnent ces deux institutions, dans l’objectif d’accompagner les aspirants entrepreneurs vers la créativité et l’innovation.

« Ce sommet est une initiative qui rentre dans le cadre des projets entrepreneuriaux gérés par la Fondation Phosboucraa, qui travaille sur l’entrepreneuriat et différents aspects liés à la vie des entrepreneurs via le Learning Center de Laâyoune et de Dakhla. Elle dispose également d’une plateforme d’appui aux petits projets, notamment des prêts d’honneur donnés aux petites associations locales. La fondation soutient aussi les porteurs de projets à travers plusieurs initiatives », explique Hajbouha Zoubeir, présidente de la Fondation Phosboucraa.

Parmi les idées exposées, il y a des projets qui peuvent aboutir rapidement.  D’abord, le secteur des plantes médicinales et aromatiques par exemple… il existe à Laâyoune des coopératives qui produisent cette catégorie de produits et travaillent à sa commercialisation. Il existe aussi des opportunités entrepreneuriales à explorer pour la gestion des déchets de bouteilles d'eau en plastique.

C’est ainsi que, par exemple, Meryam Iziki, Hind El Kantaoui et Fatma Bougharioun présenteront leurs projets et en seront félicitées, primées, puis bénéficieront des accompagnements nécessaires. Elles œuvrent respectivement dans les domaines aussi divers que la confiture à base de tomate-cerise «made in Morocco», bio, sans conservateurs, l’habit traditionnel sahraoui (derraâ), et le cosmétique local.

 

Ainsi donc, pour le groupe OCP, les bénéficiaires sont nombreux, ils sont jeunes et ils se trouvent un peu partout, de Khouribga à Laâyoune, en passant par Ben Guérir et Youssoufia. Mais la démarche reste la même : « apprendre à pêcher au lieu de donner du poisson ». Les formations se suivent, les coachings sont organisés et les projets naissent et prospèrent. Ce n’est pas très grand, mais ce n’est pas avec de grands projets qu’on développe une société, mais avec des petites entreprises, créatrices de richesses et pourvoyeuses d’emploi.

Et la cérémonie se termine, bien évidemment, en apothéose et en musique…

Aziz Boucetta

Commentaires